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 "Faut voir"

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Salomé

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MessageSujet: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyJeu 10 Aoû - 12:53

J'espère que je ne commets pas une boulette en postant ici la rubrique hebdomadaire d'Alain Rémond, journaliste à Marianne.

J'espère qu'Alain sera indulgent car : premièrement j'adoooooooore sa rubrique "Faut voir" Bisous18 et deuxièmement je viens de m'acheter un joujou qu'on appelle scanner et depuis j'arrête pas !!! "Faut voir" MDR94

Histoire de nous rappeler des souvenirs ..... "Faut voir" Mad


J'attends Godot et le résultat du match
Alain Rémond

"Et toi, tu fais quoi?" m'a demandé Konopnicki. « Je ne sais pas, et toi?"je lui ai répondu. " En tout cas, pas le foot ", il a conclu. Tous les mercredis, en début d'après-midi, on a le même échange, Konop et moi. Un dialogue à la Beckett, minimaliste. Toujours le même. "Et toi, tu fais quoi? - Je ne sais pas, et toi?" On attend Godot, l'un et l'autre. L'inspiration. L'idée. Et, tant qu'à faire, qu'on n'ait pas la même. Parce que ce serait tout de même embêtant qu'on fasse tous les deux notre chronique sur le même sujet. Voilà pourquoi on fait comme Villepin avec les syndicats, après la dégelée du CPE : on se concerte. Avant de rejoindre notre établi, chacun de son côté. Le soir, au moment du bouclage, on se retrouve. ((Alors, t'asfait quoi, finalement ?)) Ben oui, parce qu'il peut arriver qu'on change d'avis, entre le moment où on dit ce qu'on va faire et le moment où on le fait. Sinon, où serait le suspense? Et le suspense est le sel de la vie. Comme du foot.

Justement, à propos de foot. Je rembobine la bande. Et je vous refais le dialogue beckettien du début. "Et toi, tu fais quoi? - Je ne sais pas, et toi ? - En tout cas, pas le foot." Pas le foot, donc, disait Konop, mercredi en début d'aprèsmidi. Et pourquoi pas le foot, êtes-vous en droit de vous demander, lecteurs exigeants et suspicieux ? Pas du tout parce que Konop n'aime pas le foot (même s'il préfère, de très loin, les courses de chevaux). Mais parce que, chers lecteurs, il y avait, mercredi soir (il y a, à l'heure où je vous écris), un match déterminant: France-Portugal. A 21 heures. Or, nous devons rendre notre copie, Konop et moi, vers les 19 heures. Pour cause de bouclage. Comment voulez-vous qu'on écrive quoi que ce soit d'un peu senti sans connaître le résultat d'un match qui, dans un sens comme dans l'autre, va chambouler la France? Soit on est en finale. Soit on ne l'est pas. Soit on est au septième ciel. Soit on est en enfer. Vous conviendrez que ce n'est pas tout à fait la même chose. Surtout pour vous, qui êtes en train de lire Marianne. Après le match. Vous, vous savez. Nous, non. On ne le saura que ce soir tard, sur le coup de 23 heures (sans les prolongations). A l'heure où nos copies respectives rouleront déjà sur les rotatives. Parce que j'aime autant vous dire que ça va turbiner, à la fabrication. Rapport au match, là aussi: à 21 heures, rideau!

Et moi, qu'est-ce que vous croyez ? A 21 heures, devant ma télé. Comme tout le monde. Déjà que je n'ai pas vu France-Brésil. Et que je n'ai vu que cinq minutes d'Italie-Allemagne. Les cinq dernières minutes. Remarquez, j'ai eu du bol: deux buts en cinq minutes. Les seuls du match. Mais, bon. Alors, France-Portugal, pas question que je le loupe. Ce qui fait que j'écris cette chronique en fonçant droit dans le mur : depuis le début, je ne parle que de foot. Alors que dans quelques heures, rien ne sera plus comme avant. Pour mémoire : l'enfer. Ou le paradis. Là, j'ai l'impression d'être au purgatoire. Tout ça pour dire que les organisateurs de la Coupe du monde auraient pu faire un effort. Programmer France-Portugal à Il heures du matin, par exemple. Voilà qui aurait été chic de leur part. Ce n'était tout de même pas la mer à boire. Je t'en fous! Th crois qu'ils nous auraient demandé notre avis, à nous autres, soutiers de l'information? C'est toujours les mêmes qui trinquent: nous.

Konop, je ne sais pas trop de quoi il parle dans sa chronique, à l'heure qu'il est. Tout ce que je sais, c'est qu'il était bien embêté. (( Tout le monde ne parle que de foot, il m'a dit. Et nous, on ne peut pas. )) Mais si, Konop, on peut. La preuve! n suffit de vouloir. Quand on veut, on peut: voilà ce qu'on m'a appris, quand j'étais petit. Quand je jouais au foot, moi aussi. Ailier gauche, si vous voulez tout savoir. Quand je pense que j'aurais pu être le Zidane breton! A condition de me raser la tête. Vous avez remarqué? n a vraiment la boule à zéro, Zidane. Et pas seulement lui. Je les ai bien regardés, les Il de l'équipe de France: neuf ont la boule à zéro. Ou presque. Pas seulement Barthez, le chauve qui ne sourit pas. Mais Thuram, Gallas, Abidal, Vieira, Makelele, Malouda, Henry. Et Zidane, donc. Et même Trezeguet, chez les remplaçants. Les autres équipes, non. Elles ont des joueurs à cheveux. Alors que nous: rien sur le caillou. Qu'en conclure? La Bible nous ensei gne que la force est dans les cheveux: la preuve par ceux de Samson, que la perfide Dalila lui coupe pendant son sommeil. Apparemment, pour les Français, c'est l'inverse: moins ils ont de cheveux, plus ils gagnent (enfin, jusqu'à ce soir 21 heures, tout du moins. ..). Faut-il Y voir une révolution métaphysique? Une inversion des valeurs? Une mue ontologique ?Vous pensez bien qu'à cette heure-là (18 h 30) et avant un rendez-vous tellement crucial (à 21 heures) je me garderai de trancher. Je me contenterai de soumettre à la sagacité de nos penseurs de tout poil ce vrai mystère: pendant que les spectateurs se font des cheveux, les joueurs français les perdent.

Ça me fait penser à une pleine page de pub que je viens de voir dans l'Express. Une pub pour un coiffeur à la mode. Je vous recopie son concept: "Ma philosophie: intemporel". Et en dessous, ces mots qui expliquent tout: "Parce que chaque individu est unique et que la coiffure est l'une des clés de son identité. Il y a sa photo, au coiffeur. Il est chauve comme c'est pas permis. Plus chauve que Barthez. Si "la coiffure est l'une des clés de son identité", j'espère qu'il a d'autres clés. Parce que sinon, il est mal barré, question identité.
Bref: où vont les Bleus? Où sont passés leurs cheveux? Les Portugais, qui ont tous des cheveux, ont-ils la clé du match? Réponse à 21 heures. D'ici là, je vais tenter de survivre.
Tiens, si j'allais demander à Konop ce qu'il a fait, finalement.
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Salomé

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MessageSujet: Re: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyJeu 10 Aoû - 14:15

« La crise du textique c’est du chinois ! »
Alain Rémond

Dans le courrier des lecteurs du joumal le Monde, un lecteur s'avoue « désemparé». Non pas par la controverse sur la constitution européenne, les prises de position des uns et des autres. Mais par le programme du Centre culturel international de Cerisy-Ia-Salle, publié par le Monde des livres. TI apprend que s'y tiendra, du 1er au 15 août, un colloque sur le thème: «Textique: interscrit (affinement de l'exhaustion) ».Je comprends la perplexité de ce lecteur. La textique
est en effet d'un maniement complexe, pour ne pas dire délicat. Pour réussir à extraire la textique d'un texte, il faut des outils appropriés, qui ne se trouvent pas dans le premier magasin de bricolage venu a' ouvre-boîte, en particulier, est formellement déconseillé). Sans parler du doigté, qui ne s'acquiert qu'après des années d'exercices. Or, en cette matière comme en tant d'autres, un accident est vite arrivé. Et la textique, on ne le dira jamais assez, est hautement explosive. Un geste malheureux, une manipulation hasardeuse, et la textique vous saute à la figure, réduisant le texte lui-même en bouillie (et ne parlons pas de votre figure).
Or, si le texte est foutu, la textique ne sert plus à rien.

Rappelons, à toutes fins utiles, que la textique sert à comprendre ce qu'un texte, dans des conditions de conservation appropriées (autour de 18° C sous abri), pourrait éventuellement vouloir dire s'il n'avait pas été écrit dans l'intention de signifier autre chose que ce que le sens premier des mots semble vouloir laisser croire en oubliant ce que le sous-texte inconscient composé à son insu par le scripteur aurait pu par ailleurs signifier s'il n'était pas lui-même surinterprété par la doxa dominante. Autant dire que ce n'est pas de la tarte. Il est chaudement recommandé, pour réussir l'opération, de s'adresser à la chambre Je rappelle que l'opération se déroulera du 1er au syndicale des textiqueurs agréés (et assermentés) qui ont l'habitude de ce genre d’interventions(même si quelques-uns d’entre eux, hélas, sont morts au champ d’honneur de la textique, pulvérisés par une attaque aussi soudaine qu’imprévisible de textique mal contrôlée)

Quant à l'interscrlt, dont le colloque de Cerisy-Ia-Salle a juré d'avoir la peau, Il n'est pas du genre à se laisser faire. Se glissant subrepticement dans les failles de l'écrit, dans les béances de la scripture, il se niche à l'intersection de l'intercontextualité et de l'interaction entre l'interdisciplinarité et l'interprétation, c'est-à-dire nulle part. Ce qui fait, naturellement, tout son intérêt. L’écrit est à la portée de n'importe qui (et je le prouve). L’interscrit exige, lui, en plus d'une excellente vue, un entraînement poussé dans l'art de débusquer le rien quand il gît dans le néant, par une nuit sans lune. On aura compris que les experts de Cerisy-Ia-Salle ont du pain sur la planche. L’interscrit de la textique, à mon humble avis, a de beaux jours devant lui.

Même si la technique envisagée pour en venir à bout ne manque pas de panache.

L'affinement de l'exhaustion constitue en effet le nec plus ultra de la technologie moderne, élaborée dans le plus grand secret au cœur de laboratoires planqués au fin fond du Berry. Cela dit, même si les premiers résultats sont prometteurs, il ne s'agit pour l'instant que d'une méthode expérimentale, qui n'est pas sans risques. On sait que l'exhaustion de l'interscrit de la textique est en constante expansion, comme l'Univers (mais en plus petit) et qu'elle échappe à toute tentative d'appréhension cognitivo-sensorielle. C'est à partir de cette constatation, et après de nombreuses tentatives avortées dans d'autres directions, qu'est née l'idée de l'affinement.
L'exhaustion aurait, en effet, ceci de commun avec le fromage (notamment le camembert) qu'elle s'améliore en s'affinant, au fil d'un processus complexe qui contrecarre efficacement sa tendance naturelle à l'expansion. On a donc créé des caves ad hoc, pour affiner l'exhaustion dans les meilleures conditions possibles, sous la surveillance constante de techniciens dotés d'un masque (l'odeur de l'exhaustion en caves d'affinement est en effet aussi puissante qu'insupportable).
Au bout d'un certain temps, l'exhaustivité de l'affinement étant présumée exaucée, on démoule, on met en boîtes. Et on sert à température. Bien entendu, on a parfois de mauvaises surprises. L'exhaustion est trop molle, trop dure, trop coulante, trop plâtreuse. On verra comment les spécialistes réunis à Cerisy-Ia-Salle s'en sortiront.

Je rappelle que l'opération se déroulera du 1er au 15 août. Dix jours pour affiner l'exhaustion de l'interscrit de la textique, à mon avis, c'est un peu juste. Il ne faudrait pas que nos champions aient présumé de leurs forces. Le monde entier aura les yeux braqués sur Cerisy-Ia-Salle. Le prestige de la France est en jeu. On murmure déjà qu'une
équipe japonaise aurait mis au point un processus révolutionnaire d'affinement en éprouvette. La Commission européenne, elle, a sagement décidé d'attendre le résultat du référendum en France, avant de sortir sa directive sur la textique. Il est hors de question qu'elle soit utilisée par les partisans du oui ou les partisans du non. On a vu les dégâts avec la directive Bolkestein.

Quant aux habitants de Cerisy-Ia-Salle et des environs, je tiens à les rassurer: s'ils voient, entre le 1er et le 15 août, s'élever dans le ciel une espèce de champignon atomique, c'est juste que la tentative d'affinement de l'exhaustion de l'interscrit de la textique vient d'échouer. Ça sent mauvais. Mais c'est sans danger.
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Salomé

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MessageSujet: Re: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyJeu 10 Aoû - 14:22

La textique du gendarme
Par Alain Rémond

Du rififi dans la textique ! Le lecteur se souvient peut -être que, voilà peu, j'avais tenté de percer les secrets de cette science aussi secrète que mystérieuse, intrigué par l'annonce d'un colloque au Centre culturel international de Cerisy-la -Salle ainsi libellé: « Textique : l'interscrit (affinement de l'exhaustion) .
Eh bien, mesdames et messieurs, sachez-le: la textique se rebiffe. La textique renaude. La textique n'est pas contente. Du tout. Et elle le fait savoir, plutôt deux fois qu'une: par une lettre à moi adressée; et par un droit de réponse à Marianne exigé.
Vous me direz: comment diable la textique peut -elle exiger un droit de réponse? Existe-t -il un président du conseil d'administration de la textique? Un secrétaire national du comité central de la textique ? Un administrateur judiciaire des intérêts de la textique? Que non, que non! Mais il existe un M. Daniel Bilous, professeur de langue et littérature française, à l'université du Sud (Toulon-Var). Qui m'écrit ceci: «Je prie ins
tamment Marianne d'insérer le texte que je vous joins en document attaché, au titre du droit de réponse. En effet, M. Rémond s'en prend à la "textique" et, s'il ne me nomme pas expressément, je suis quand même visé à un double titre: il se fait que depuis quelque quinze ans je compte au titre de ces experts qu'il brocarde et que depuis 2005 j'enseigne la discipline mise en cause à l'UFR de mon université.]e réagis parce que la textique est désormais, par là, attachée à mon nom, que je n'ai aucune raison d'en laisser dire n'importe quoi et que je reçois de la part de mes étudiants des échos goguenards qui n'ont pas plus de fondement que la rubrique qui les motive. »


Que la textique soit attachée au nom de M. Daniel Bilous,je veux bien le croire sur parole. Et je le félicite pour cet attachement qui, néanmoins et nonobstant, ne saurait l'autoriser à accaparer pour lui seul la cause sacrée de la textique. Que les étudiants de M. Daniel Bilous s'appuient sur ma désolante chronique pour exprimer leur goguenardise à l'égard de la textique est en effet navrant. Et je comprends que M. Daniel Bilous, dont le nom est désormais, pour le monde entier et pour les siècles des siècles, attaché à la textique, ne voie aucune raison d'en laisser dire n'importe quoi. Où irions nous, en effet, si on laissait dire n'importe quoi de quoi que ce soit attaché à qui que ce soit? C'est donc bien volontiers que je donne la parole à l'attaché parlementaire de la textique. Même si, soit dit en passant, je pourrais être fondé à trouver saumâtre de le voir dénier à ma chronique tout fondement.

Mais venons-en au fait. Que me reproche donc M. Daniel Bilous ?
D'abord, il me connait. «J'ai croisé Alain Rémond en 1999, à Mirmande peut-être s'en souvient-il, lors d'un colloque sur le faux. » Je me souviens en effet de Mirmande. Je me souviens du faux. Mais y fut-il question de textique ?Vous pensez bien que je m'en souviendrais. On ne croise pas la textique sans s'en souvenir.
La textique laisse forcément un souvenir indélébile.
Mais là n'est pas le fond du problème. Le fond du problème, c'est que mon article, « à trop d'égards, est brillant d'inepties». Pour commencer, j'ai parlé d'un colloque sur l'affinement de l'exhaustion de l'interscrit de la textique. Or, tient à me préciser M. Daniel Bilous, il ne s'agit nullement d'un colloque. Mais d'un « séminaire de recherche». Voilà, en effet, qui change tout. Un colloque se contente de colloquer. Un séminaire de recherche recherche. Et j'aime autant vous dire que l'exhaustion de l'interscrit de la textique n'a qu'à bien se tenir. Elle est recherchée par tout un séminaire. Ça va barder!
Autre ineptie :j'ai écrit, sur la foi du journal Le Monde, que la chose avait lieu du 1er au 15 août. Or, me tance vertement M. Daniel Bilous, elle aura lieu du 1 er au 11 août. Soit quatre jours de moins pour venir à bout de l'affinement de l'exhaustion de l'interscrit de la textique. L'exploit n'en sera
que plus grand. Je m'incline.

Reste la plus inepte des inepties de cet article brillant d'inepties. Je laisse la parole à l'attaché: «La verve comique d'un si primesautier descriptif doit être reconnue [je rosis sous le compliment, franchement, fallait pas...] mais il faudrait aussi, peut-être, s'interroger sur sa pertinence. Est-ce une caricature? Nullement. Tout portrait-charge doit offrir des traits saillants typiques de sa victime. Or je peine à reconnaître les recherches que nous menons sous l'amphigourique fatras de sémiologie mâtinée de psychanalyse, avec clins d'œil barthésiens, tout ensemble anachroniques et plutôt loin de la cible désignée. »
En clair, M. Daniel Bilous m'accuse, en termes à peine voilés, de ne strictement rien connaître à la textique.

Il est temps, je le vois bien, de passer aux aveux. Le sympathique quoique sourcilleux attaché de la textique a mille fois raison. Je n'ai jamais vu une textique de ma vie. Je ne saurais même pas décrire une textique. Je n'ai jamais assisté à l'affinement de l'exhaustion de l'interscrit de la textique. Je n'ai jamais participé au moindre voyage de presse dans les laboratoires secrets où s'élabore cette délicate opération. J'ai fait une entière confiance à mon imagination. Je suis un poète de la textique, un aède de l'exhaustion de l'interscrit. J'ai voulu hausser la textique au rang de l'épopée. J'ai voulu être le Dominique de Villepin de l'affinement de l'exhaustion de l'interscrit de la textique. Me voilà bien mal récompensé. L'Université, en la personne de l'attaché à la textique, me tape sur les doigts.

Et pourtant rien ne pourra jamais m'empêcher de chanter la gloire de la textique. Je continuerai, contre vents et marées, à affiner comme un malade l' exhaustion jusqu'à plus soif de l'interscrit jusque dans les interstices. C'est plus fort que moi. J'écris ton nom, textique
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Salomé

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MessageSujet: Re: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyLun 14 Aoû - 13:03

La clim ne paie pas
Alain Rémond

Cette info, on l'a lue partout, dans tous les journaux, on l'a entendue partout, sur toutes les radios, toutes les télés, le même jour. Présentée et commentée avec le même sérieux, comme une info de première importance. Et, en effet, elle l'était. Je vous la rappelle, au cas où vous l'auriez oubliée: Nicolas Sarkozy a décidé de repousser la sortie de son livre de quelques jours, pour ne pas court-circuiter l'interview présidentielle du 14 juillet. Je vous invite à la relire, posément. Pour bien vous imprégner de sa substantifique moelle. Le numéro deux du gouvernement condescend, par pure bonté d'âme, àne pas faire d'ombre à un sous-fifre, un second couteau, un obscur figurant de la classe politique, qui se trouve être, par ailleurs président de la République. S'il l' avait voulu, Nicolas Sarkozy aurait écrabouillé de son intelligence, de son audace, de son imagination, de son courage, de sa fulgurance, de son originalité, de sa profondeur et de sa hauteur ce minuscule personnage qui tient mordicus à sa ridicule interview du 14 juillet. Et qui est à la source de cette info ? Qui a pris l'initiative d'en faire profiter toutes les rédactions de France et de Navarre? Nicolas Sarkozy lui même. Les rédactions ont jugé, en leur âme et conscience, que c'était effectivement une information capitale, dont il aurait été criminel de priver le pays. Nicolas Sarkozy est vraiment trop bon. Et les médias vraiment trop cons.

Mais excusez-moi, J'entends des cris et des exclamations en provenance du bureau d'en face, de l'autre côté du couloir. Il faut que j'aille voir ce qui se passe (un journaliste va toujours voir ce qui se passe sur le terrain). Je vous décris la scène: un collègue est debout sur sa chaise, les mains dans le plafond, trempé comme une soupe, pendant que son camarade de bureau se marre comme une baleine. « Qu'est-ce qui se passe? Il je demande. « C'est la clim, me répond l'hilare. La clim qui fuit. Toute neuve, la clim, je vous le rappelle. Régulièrement, dans ce bureau, elle fait douche. Sans prévenir, splash ! Remarquez, par cette chaleur, ce n'est pas peut-être pas idiot, comme concept. A force, le collègue trempé sait comment la bidouiller pour colmater la fuite. Mais, en attendant, il en a plein la chemise, le pantalon et les chaussures. Sans parler de sa chaise. « Je peux t'en emprunter une? Il il me demande. J'ai en effet le privilège d'avoir deux chaises. Pas de fenêtre, mais deux chaises. Je suis sympa, je lui en donne une. Aussi sympa que Sarkozy, voyez. Il repart avec ma chaise. Et cherche une serpillière, pour éponger le désastre. Tout cela à quelques heures du bouclage, notez bien. Vous n'imaginez pas comme c'est compliqué de faire un journal. Aussi compliqué que de gouverner la France quand on s'appelle Jacques et Nicolas, les duettistes du 14 juillet.

Bon. Revenons à nos moutons. Que je n'ai pas quittés de l'œil, vous l'aurez remarqué. Ses moutons, Sarkozy, il ferait bien de s'en occuper. Plutôt que de nous faire le coup de la révélation littéraire de l'année qui écrabouille tout sur son passage. Les nouvelles cartes d'identité et les nouveaux passeports, par exemple. C'est le boulot de Sarkozy, non? Une lectrice me raconte son cauchemar. Elle a voulu renouveler sa carte d'identité, ainsi que celles de son mari et de leurs trois
enfants. Soit cinq cartes d'identité. Elle s'imaginait naïvement que ce serait une simple formalité. C'est qu'elle ignorait tout, la pauvrette, de l'impitoyable norme ISO/IEC 19794-5 : 2005. Laquelle fixe les nouveaux et rigoureux critères qui doivent être scrupuleusement et intégralement respectés en matière de photos d'identité. Les voici, dans leur brutale simplicité: il s'agit de faire tenir un portrait de face dans un rectangle de 35 mm de large sur 45 de haut en veillant à ce que les cheveux ne dépassent pas, le portrait devant occuper entre 70 et 80 % de la hauteur, la taille du visage (du menton à la racine des cheveux) devant être comprise entre 32 et 36 mm. Vous savez ce que ça me rappelle? Les problèmes d'arithmétique avec des robinets qui coulent et des trains qui se croisent, j'ai les poils qui se dressent sur les bras rien que d'y penser. En plus, sur ces photos new-look, il est formellement interdit de sourire. Sinon, au panier!

Ma correspondante, qui avoue que son front est « ombré par une mèche de cheveux rebelle» et que son mari a la chevelure « longue et ondulée, me décrit le désastre: « Deux photographes ont prudemment renoncé à se colleter avec l'ISO/IEG 19794-5 : 2005. Le troisième, au bout d'une heure de travail, s'est lamentablement ratatiné: quatre photos ratées sur cinq. Et elle conclut: «Je vous laisse le pénible devoir d'annoncer à nos malheureux concitoyens accablés d'oreilles décollées, d'un menton trop long ou d'un front trop large que la norme ISO/IEG 19794-5 : 2005 leur interdit désormais de quitter le territoire national. Il
Chère lectrice, faites comme moi: restez en France. Où ailleurs qu'en France trouve-t -on des Verts aussi déterminés à nous faire rigoler? Après avoir échoué à élire un candidat à l'élection présidentielle, au terme de péripéties déjà très réussies, ils ont convoqué la presse, mardi dernier, pour annoncer, tout contents, qu'ils y étaient enfin parvenus. Devant les caméras, Yann Wehrling, leur méconnu secrétaire national, a pris la parole. Lisant une feuille, il a déclaré: « Dominique Voynet a été élue avec 59,9 % des voix. Il Dominique Voynet lui a discrètement tapoté le bras: « Euh... Pas 59,9 %, Yann. Mais 50,9 %... Il Le méconnu secrétaire national a protesté: « Mais c'est exactement ce que je viens de dire!
Vous savez quoi? Ils nous manqueront.
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Salomé

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MessageSujet: Re: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyLun 14 Aoû - 13:16

Le temps qui passe et le temps qu'il fait
Alain Rémond

Par la fenêtre ouverte arrive le son d'une bombarde. Pour ceux qui l'ignoreraient, la bombarde est un instrument de musique. Une espèce de flûte, sauf que c'est breton. Et que le son n'a rien à voir avec celui d'une flûte. C'est aigu, nasillard, dans le genre biniou. Et ça sert à danser. Bref, il doit y avoir quelqu'un, à quelques encablures, qui s'entraîne à la bombarde. Ce n'est pas franchement désagréable. Juste un peu répétitif. De toute façon, il faut de tout pour faire un monde. Y compris des bombar
des. La discussion est donc close.
Sinon, le bruit de fond, c'est celui du vent dans les feuilles. Un léger bruissement, qui donne l'illusion d'une petite fraîcheur. Ce n'est pas vraiment du vent, disons plutôt une brise. Les peupliers adorent faire de la musique avec la brise. C'est un peu la musique que ferait un ruisseau, si la brise coulait façon clapotis.
Inutile de vous préciser que je ne vous écris pas de mon bureau sans fenêtre. Mais de ce lieu extrêmement sympathique qui s'appelle les vacances.
Là où on entend les bombardes par la fenêtre ouverte (et justement le gars qui souffle dedans en met un sacré coup, je l'entends presque taper du pied en mesure. Du calme, mon gars, du calme! ). De temps en temps, j'entends le cri d'un oiseau que, malgré toute ma science, je n'arrive pas à identifier. Un oiseau d'eau, apparemment. Une espèce de petit gloussement aigu, aussi bref que discret, pas comme la bombarde. Ma science me dit que ce pourrait être une poule d'eau. Mais elle me dit aussi que ce n'est pas vraiment sûr. Parfois, je me demande à quoi me sert ma science.

Tout à l'heure, c'était le ronron d'un moteur d'avion qui faisait contrepoint à la bombarde. Quant ils ne s'incrustent pas dans ma portion de ciel, les petits avions à hélice sont plutôt sympathiques. Un bruit à l'ancienne, d'avant le progrès. Comme un ronron de machine à coudre, si les machines à coudre volaient. Les gros avions, c'est comme le bourdonnement des frelons. Et j'ai horreur des frelons. On ne trouve des frelons qu'à la campagne, allez savoir pourquoi. Une campagne sans frelons, ce serait une campagne épatante. Et, tant qu'on y est, sans moustiques. Le sardonique zonzon du moustique sadique en pleine nuit, ça ne devrait pas être permis. On se demande qui a eu l'idée d'inventer ça. En tout cas, je ne lui fais pas mes compliments. Pour casser l'ambiance, bravo.
Comme il y a un chantier, juste derrière, j'entends les bruits du chantier. Un petit chantier, une maison en construction. Les coups de marteau, le raclement de la truelle, les planches qui débaroulent du camion, les parpaings qu'on entasse. Comme quoi, pendant que je flemmarde en villégiature (voilà un mot que j'adore, surtout en italien...), d'autres travaillent Patience, les gars, bientôt ce sera votre tour. Et moi, je me retrouverai dans mon bureau sans fenêtre. En attendant, j'en profite, sans la moindre vergogne. Les vacances sont une conquête de l'humanité. Et je fais partie de l'humanité conquérante. TIens, je n'entends plus la bombarde. Apparemment, le joueur de bombarde a mis les pouces. il a peut -être trouvé qu'il faisait trop chaud pour souffler dans Wle bombarde.

Parce qu'il fait chaud. Mals ça, vous le saviez déjà. Quoique, ici, avec la petite brise dans les peupliers, ça reste à peu près supportable. En tout cas, ça donne des sujets de conversation, c'est le principal. Est-ce que ça va durer? Depuis quand on n'a pas eu chaud comme ça? Est-ce que c'est pareil qu'en 2003 ? Et en 1976 (pour ceux qui étaient nés en 1976) ? Et les pelouses qui sont foutues. Et l'orage qui tourne mais qui ne se décide pas à péter. Et surtout n'oubliez pas de boire. J'adore parler du temps. Les vacances, c'est avoir le temps de parler du temps.
On a eu une petite averse, ce midi, un quart d'heure à tout casser, ça nous a fait un bien fou de parler de l'averse, encore plus que de la recevoir sur la tête. Parler du temps, c'est la civilisation, oui, monsieur. Surtout quand on se mêle de vouloir le prédire. C'est de la conversation sans importance, qui ne prête pas à conséquence. De toute façon, le temps n'en fera qu'à sa tête. Mais l'habiller de mots, c'est aussi beau que le murmure du vent dans les peupliers. D'ailleurs, j'ai bien l'impression que c'est en train de se gâter. Tout dépend d'où vient le vent. Mais je ne suis pas très calé en science du vent. Moins qu'en oiseaux, en tout cas. Même si je n'arrive toujours pas à mettre un nom derrière ce gloussement. Le geai, le pic-vert ou le héron, je vous les fais quand vous voulez.

Ah, ça y est, les ouvriers ont remballé le chantier, je viens d'entendre le diesel de la camionnette et le claquement des portières. Du coup, c'est le grand silence dehors. Le silence de l'été. Le silence des vacances. On va doucement vers le soir. Si l'orage n'éclate pas, on mangera dehors. On écoutera la nuit, les oiseaux dans l'eau. Comme le monde n'est pas parfait, on entendra peut-être le hautparleur d'un spectacle de stock-cars, au loin, des gros engins qui s'écrabouillent les uns sur les autres. fis font la tournée de l'été, en s'écrabouillant tous les soirs. Ou alors ce sera un petit cirque, le haut parleur nous invitera à visiter le zoo (un lama, deux chèvres, un lion qui a connu la reine Victoria). Jusqu'ici, on a échappé à la tournée de Sarkozy, qui va vendre son livre de plage en plage. On n'est pas sur une plage. On n'est nulle part. On est là où on ne s'occupe que du temps qui passe et du temps qu'il fait Et où on essaie de comprendre pourquoi, d'un seul coup, l'oiseau qui glousse se met à glousser compulsivement. On est là où la bombarde est un instrument de musique et pas un verbe.
Et on rêve que, là-bas, en Israël, au Liban, où on bombarde, où on se fait bombarder, on ait enfin le droit de ne s'occuper que du bruit des oiseaux, du bruit du vent, du bruit des petits avions, du bruit des chantiers.
Ce droit est un droit imprescriptible de l'humanité.
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Salomé

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MessageSujet: Re: "Faut voir"   "Faut voir" EmptyDim 20 Aoû - 10:47

Revoir le Pont-Neuf une dernière fois
Alain Rémond

Une lectrice de Vannes (Morbihan), soucieuse de faire avancer le débat,
me détaille toutes les raisons pour lesquelles, à son avis, les passagers du TGV se précipitent vers la porte du fond dix minutes avant l'entrée en gare. Et restent plantés debout comme des idiots, avec leur valise, leur sac à dos et la cage du chat. Certaines de ses explications (elle en a trouvé neuf) sont de celles qui viennent immédiatement à l'esprit (attraper le dernier métro, être en tête de la queue pour les taxis.. .)· D'autres sont nettement plus originales.

Celle-ci, par exemple : « Pour se débarrasser plus vite de la copine qui les accompagne et qui, au fond, n'est pas si copine que ça » (quelque chose me dit que ma correspondante sait de quoi elle parle...). Ou bien celle-ci : « Parce qu'avant de partir pour Lille ou Lyon ils ont oublié de baisser le chauffage mis à fond et qu'avec le prix du gaz dix minutes de gagnées, c'est toujours ça. » Ma rigueur scientifique (bien connue des lecteurs de Marianne) m'oblige tout de même à rappeler que ce n'est pas parce qu'on se met debout devant la porte dix minutes avantr l'arrivée qu'on arrivera dix minutes en avance. Mais je vois bien qu'il ne sert à rien d'essayer de venir à bout d'une hystérie collective avec des arguments rationnels. Autant essayer de convaincre Sarkozy de ne rien dire à une caméra pendant une journée.

Mais la plus belle des raisons imaginées par cette lectrice est la dernière. La voici : « Parce qu'il leur semble que le monde est en train de s'écrouler et qu'ils aimeraient revoir une dernière fois le Pont-Neuf avant qu'il ne s'écroule. » J'avoue que je n'y avais jamais pensé. Pourtant, c'est d'une évidence qui crève les yeux. L'impatience des passagers du TGV est d'ordre métaphysique. Ils sont mus par une urgence qui les dépasse. Ils sont soulevés (littéralement soulevés de leur siège) par une fièvre irrépressible, incontrôlable. La peur panique de voir le monde s'écrouler. Et l'envie folle, le désir désespéré de revoir le Pont-Neuf une dernière fois, avant que tout ne s'effondre. Voilà une vraie raison. Parfaitement recevable. Et, pour tout dire, éminemment respectable.

Je m'en veux de ne pas l'avoir trouvée tout seul. Le TGV comme parabole du monde comme il va. On fonce, on fonce, et plus on approche du but, plus l'angoisse monte. On se dit que ça ne peut pas durer, que ça ne peut pas continuer comme ça. Il va forcément se passer quelque chose. C'est inévitable, inéluctable. On est trop bête, on fait vraiment n'importe quoi, on casse tout, on gâche tout, le monde va vers sa perte, vers sa fin, c'est sûr et certain.

Vite, vite, revoir le Pont-Neuf une dernière fois ! On n'en peut plus d'attendre, on est trop impatient, c'est une question de vie ou de mort, vite, vite, le Pont-Neuf ! Je crois que je vais les regarder d'un autre oeil, les grands malades des dix dernières minutes, debout devant la porte, à la queue leu leu. J'aimerais juste qu'ils arrêtent de m'envoyer leur coude dans l'oeil. Et de me faire tomber leur valise sur la tête.

A part ça, c'est une belle idée, je trouve, cette idée de la dernière fois. On devrait tout voir comme si c'était la dernière fois. Les arbres, le ciel, les maisons, la mer, les oiseaux, tout. Les gens dans la rue. Le bistrot du coin. La fontaine sur la place. Le magasin de souvenirs (surtout le magasin de souvenirs ! Vendre des souvenirs, c'est vertigineux...). L'enfant qui saute à cloche-pied. Ou exprès dans les flaques d'eau. Le marchand de journaux. Les vieux murs peints et repeints, tagués et retagués. La jeune femme à vélo. Lamelle perdue entre deux haies d'immeubles. Les écoliers qui rentrent à la maison. L'église, la mairie, la caserne des pompiers. Le petit square. Le kiosque à musique. La lumière, le soir, sur le canal. La passerelle. Les écluses. Le camion poubelle. Les cabanes de chantier. Les palissades. La grue. La vieille dame pensive sur son banc. Les péniches. La tour de 30 étages. Le facteur en tournée. La boucherie, la boulangerie, l'épicerie. Les fruits et légumes. Le quai du métro. La tour Eiffel qui scintille. Les amoureux qui se tiennent le bras. Les feuilles qui crissent sous les chaussures. La trace d'un avion dans le ciel bleu. Les camions de livraison. Les gens qui déménagent. Et ceux qui emménagent.

Oui, tout voir comme si c'était la dernière fois. Non pas avec l'innocence, l'émerveillement de la toute première fois, quand on découvre le monde. Mais avec la gravité de celui qui connaît le prix des choses. Avoir dans le regard le poids des souvenirs, qui donne ce prix. Tous ces souvenirs, toute cette vie avec les choses. Toucher du doigt le prix de toute chose. Et imaginer l'imminence de la disparition, de l'effacement. C'est une belle façon de regarder le monde. De se remettre les idées en place. On court, on fonce, on s'agite, on oublie. On ne voit plus. On a le regard distrait des habitués. Les choses, les gens, sont une habitude. Les mêmes choses, les mêmes gens. On vit entre habitués. On ne se voit plus. Imaginer que tout va disparaître, que tout va s'arrêter. Imaginer le regret des choses. De la plus belle. Et de la plus petite. De la plus insignifiante des petites choses. Et le bruit du monde, la rumeur du monde. La symphonie des bruits du monde.

Voilà où ça mène, de prendre le train. Et de pester contre les malades des dix dernières minutes. L'urgence, l'impatience. Etre impatient de retrouver le monde, de revoir les choses, avant qu'il ne soit trop tard. Ne bougez pas, les choses. Ne bougez surtout pas. J'arrive !
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