Les syndicats de police pro-sarkozy battus aux élections
PARIS (Reuters) - Les syndicats qui soutiennent l'action de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur ont été battus jeudi soir lors des élections professionnelles, selon des estimations publiées dans la nuit de jeudi à vendredi.
Après quatre jours de vote, les 125.740 policiers français ont redonné la majorité à un syndicat classé à gauche et dirigé par un militant PS dans le collège des gardiens de la paix et CRS et ont maintenu la majorité du syndicat proche de la gauche chez les officiers.
Enorme surprise, les 1.766 commissaires ont infligé dans leur collège une lourde défaite au SCHFPN (Syndicat des commissaires et hauts fonctionnaires de la police nationale), qui bénéficiait en 2003 d'un quasi-monopole avec 88% des voix et qui est ramené à un score de 58%.
Une organisation créée il y a sept mois, le Syndicat indépendant des commissaires de police, affilié à la CFDT, obtient un tiers des suffrages. Le syndicat de gauche Unsa obtient environ 6%.
Selon Olivier Damien, le SCHFPN paye son soutien à la politique du ministère de l'Intérieur, en terme de gestion de la profession et de réformes. "Notre attitude d'accompagnement des réformes n'a pas toujours été bien perçue et interprétée", a-t-il dit à la presse.
La campagne s'est notamment déroulée dans un climat de controverse sur la politique de sécurité menée par Nicolas Sarkozy dans les banlieues.
Pour le collège des 96.193 gardiens de la paix et CRS, l'Unsa-police, proche de la gauche, a remporté la victoire avec environ 41% des voix, contre 36% à Alliance, qui soutient les options du ministre de l'Intérieur.
UN PROCHE DE ROYAL
L'Unsa-police, qui venait de reformer une organisation unique avec le SNPT (Syndicat national des policiers en tenue), une ancienne dissidence, est dirigé par Joaquin Masanet, un militant PS qui intervient dans l'équipe de Ségolène Royal.
Dans une déclaration à la presse, Joaquin Masanet a estimé que le scrutin n'était pas une question de personne mais sanctionnait des choix d'organisation, notamment celui de l'incitation au résultat.
"La prime au résultat, on n'en veut pas. Il y a un problème de retraites, de salaires, de moyens, tous les ministres de l'Intérieur quels qu'ils soient devront en tenir compte", a-t-il dit.
Le SGP-FO, très critique à l'égard de Nicolas Sarkozy, recueille environ 15% des suffrages. Deux organisations classées à l'extrême droite, la FPIP et Action police, ont respectivement 5% et 1% des voix, des scores stables.
Lors du précédent scrutin, en 2003, Alliance avait recueilli 32% des suffrages, contre 22% à l'Unsa, 25% au SNPT et 12% à SGP-FO.
Joaquin Masanet, secrétaire général de l'Unsa-police, proche de Ségolène Royal, a proposé le retour d'une "police de voisinage" dans les banlieues, avec des commissariats ouverts jour et nuit, pour assumer les tâches de sécurisation et "rapprocher la police de la population".
Cette option proche de la "police de proximité" défendue par le PS et de la "police de tranquillité" souhaitée par Dominique de Villepin s'oppose au choix d'une action plutôt axée sur les interventions et les opérations judiciaires, fait par Nicolas Sarkozy et soutenu par le syndicat Alliance.
Dans le collège des 12.878 officiers de police, le SNOP, plutôt proche de la gauche, garde sa majorité avec environ 52% des voix face à Synergie, syndicat clairement favorable à Nicolas Sarkozy, qui est stable avec environ 45%.