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| CHRONIQUES | |
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+6axelgaetan altos MarieZ Grenouille Salomé lalala 10 participants | |
Auteur | Message |
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Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 7 Déc - 12:26 | |
| The chaud must go on
Kyoto hier, Montréal ces derniers jours, les conférences sur le climat se succèdent, et on a le sentiment curieux que l'opinion publique ne comprend toujours pas la gravité du mal. On parle de réchauffement de la planète, mais on a l'impression que les gens pensent simplement que le chauffage leur coûtera un peu moins dans trente ans. Pas du tout ! La catastrophe est déjà là, avec son sinistre cortège de drames écologiques. Prenons le dernier épisode en date de dérèglement climatique que ce pays ait connu, la flambée sociale des banlieues. Qui oserait nier les dégâts écolo-giques les plus inattendus de ce désordre ? Songez par exemple aux bizarreries que cela induit dans le comportement d'un animal aussi familier de nos contrées : le Chirac. Vous me direz, ces troubles ne sont pas neufs. Tous les spécialistes en sont conscients, cette pauvre bête n'arrive pas à se faire au régime qu'on lui impose depuis dix ans : la niche en or rue du Faubourg-Saint-Honoré. Ça tient de l'espèce, la bête est faite pour la campagne : souvenez-vous comme il était joyeux au moment de celles de 1981, de 1988, de 1995 et de 2002, sautillant par monts et par vaux, capable de jouer des heures sans se lasser à son jeu préféré : rapporter à n'importe qui, serrées dans son petit museau, toutes les promesses qui lui avaient été lancées. Après, quand il s'agit de les tenir, il tourne au chien dépressif : il bâille puis s'endort. Comment nier pourtant que ce sont les récents dérèglements de l'atmosphère qui l'ont le plus perturbé : il lui a donc fallu trois longues semaines de canicule sociale pour qu'il comprenne enfin qu'il était temps de sortir de son hibernation. Que dire aussi des ravages du temps qu'il fait sur cette autre espèce qui, hier encore, au même titre que la vache de Salers ou la géline de Touraine, faisait la fierté de nos terroirs : l'intellectuel français. Dites donc ! La crise des banlieues a vu flamber beaucoup de voitures. On peut remarquer aussi combien de neurones elle a fait fondre. Je ne reviens pas sur les égarements d'Alain Finkielkraut. Le journal en a beaucoup parlé la semaine passée. En outre, lui-même a donné une explication à l'origine du scandale du moment, cette interview à un journal israélien tellement épouvantable qu'elle a effondré tous ceux qui l'ont lue, à commencer par lui-même. Le personnage atroce, le raciste éructant qui a parlé sous sa photo porte son nom, mais ce n'est pas lui. Ça ne nous aide pas vraiment. On sait donc ce que Finkielkraut ne pense pas à propos de la crise des banlieues : c'est ce qui a été écrit noir sur blanc dans « Haaretz ». Mais on ne sait toujours pas ce qu'il pense. En tout cas, cet étrange phénomène de clonage spontané déprimera un peu plus les gens que le philosophe agace. Ils s'énervent déjà de voir un Alain Finkielkraut truster depuis vingt ans l'ensemble des plateaux télé et des tribunes de journaux pour y dénoncer sans relâche le fait que cet horrible monde moderne ne donne pas la parole à ceux qui comme lui osent s'y opposer. Si maintenant il y en a deux, on n'est pas rendu. Enfin, je glisse rapidement sur Mme Carrère d'Encausse. C'est une façon de parler, la chose est par ailleurs inutile : Mme Carrère d'Encausse dérape parfaitement toute seule. A la télé russe, entre deux éructations sur la polygamie et son lien supposé avec la crise sociale, l'éminente académicienne s'est engagée dans une diatribe contre un tyran abject qu'on ne dénonce pas assez : la télévision française. Celle-ci est tellement étouffée par des «lois staliniennes» qu'on n'a même pas le droit, c'est fou, de dire qu'il y a «des juifs et des Noirs» ! En Russie, c'est vrai, il y en a moins, les amis du Kremlin de Mme Carrère s'emploient à chasser les premiers et oublient de condamner les nervis qui, dans les rues de Moscou, martyrisent les seconds. Passons sur la délicatesse consistant à dénoncer le caractère prétendument liberticide de la télé française sur la télé russe : ça reviendrait un peu à aller pleurer sur les méfaits alcooliques de la bouchée cerise Mon Chéri chez un industriel de la distillerie. Le plus extraordinaire dans la bouche académique est l'utilisation de l'adjectif « stalinien ». Cette femme nous fait croire depuis quelques siècles maintenant qu'elle est spécialiste de l'histoire russe, et elle parle de « stalinisme » à propos des lois antiracistes et de la télé française. Comment s'étonner alors que les horreurs commises par son ami M. Poutine en Tchétchénie la dérangent si peu. Elle doit croire qu'il s'agit vraiment d'un gentil tournage d'une version postsoviétique de « la Première Compagnie ».
François Reynaert | |
| | | altos
Nombre de messages : 1375 Localisation : Picardie Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 7:25 | |
| excuse moi Salomé , là je vais poster un chronique d' un tout autre type. ça circule sur le net et ça proviendrait de la boite ou bosse une amie. rien n' est verifiecertaines scenes ,... Mes propos vont peut-être vous choquer, mais à vrai dire je m'en fiche pas mal. Je vais être clair : la mort de deux jeunes, électrocutés alors qu'ils cherchaient à se cacher de la police, ne m'attriste pas, mais alors pas du tout. Ils sont, avec leurs parents, et les gouvernements lâches et serviles qui se succèdent depuis des décennies en France, les seuls responsables de leur mort. Qu'ils aient eu ou non la police à leurs trousses, peu importe. S'ils avaient été en règle, ou s'ils n'étaient pas entrés dans ce lieu interdit, ils seraient en vie. Ils ont bien cherché ce qui leur est arrivé. Les musulmans disent "inch allah", nous dirons plutôt "quand on joue avec le feu, on se brûle". Contrairement au maire PS de Clichy, Claude Dilain, je n'ai pas de pensées amicales envers les familles endeuillées. J'ai trois enfants, je sais que s'ils finissaient grillés dans un transfo, c'est que j'aurai échoué dans mon rôle de père. Je ne chercherai pas d'autres responsabilités, je m'en voudrais terriblement, je me cacherais de honte... Je n'ai pas non plus envie de rendre hommage à ces jeunes. Qu'ont-ils fait pour mériter un hommage, une marche, ou quoi que ce soit ? Rendait-on hommage à chaque mafiosi tombé sous les balles de la police ou exécuté par un autre tueur ? Quel est ce monde où nous vivons, dans quel état de déliquescence est tombé notre pays pour que nous inversions à ce point les valeurs, pour que nous condamnions celui qui défend son bien et que nous rendions hommage à celui qui pille, viole ou tue ? Comment des hommes politiques, comment des éducateurs sociaux - que nous payons ! -, comment des journalistes peuvent-ils trouver des excuses aux pillards, aux casseurs, aux voyous qui ont brûlé des milliers de voitures, saccagé de nombreuses villes, tiré à gros calibre sur les CRS ? Qui sont ces ordures qui soutiennent la racaille ? De quel droit demande-t-on systématiquement aux forces de l'ordre de se justifier chaque fois qu'elles font leur boulot ? Et pourquoi ne pas rendre maintenant EDF responsable de cet incident ? Après tout, quelle idée absurde de produire de l'électricité, c'est extrêmement dangereux ! Si je n'ai aucune pensée amicale pour ces victimes et leurs voyous de copains, je suis par contre affligé par le meurtre, à Epinay-sur-Seine, d'un père de famille dont le seul tort a été de vouloir photographier un lampadaire, pour des raisons professionnelles. Selon la police, il n'a pas été battu, il a été massacré, lynché, devant les yeux de sa femme et de sa fille, par des jeunes (inutile de vous traduire le terme) qui n'ont visiblement pas accepté qu'il soit là. Les secours sont parvenus à le ranimer après 20 minutes de massages cardiaque, mais il n'a pas survécu. Là, nous avons un vrai martyr. Là, nous devons rendre hommage. Là, les autorités devraient exprimer leur compassion. Mais non, là, tout le monde s'en fout. Il n'y aura pas d'émeute, pas de pseudo travailleur social pour défendre la mémoire de cet homme, victime de la haine des banlieues. Sa famille le pleurera, puis tout les autres oublieront. Il n'est pas certain que les animaux qui ont fait ça soient arrêtés, et s'ils le sont, combien de temps passeront-ils en prison ? Quelques années, pour parfaire leurs techniques de racailles ? J'ai imaginé la scène du père massacré, les coups, les insultes, la violence et la haine. La victime, sa femme hurlant de l'épargner, sa fille pleurant et criant, et lui gémissant par terre dans une mare de sang. J'imagine les raclures s'acharner sur lui, le sourire aux lèvres, convaincus de leur supériorité, à coup de poings, de pieds, de tête... Et j'en pleure de rage et d'impuissance, avec une envie de vomir... et de faire autre chose, que je n'ai pas le droit d'écrire ici. Pauvre gars, pauvre France, quand nos compatriotes vont-ils se réveiller, et coller en prison toutes les ordures responsables de cette situation ? | |
| | | zebulon
Nombre de messages : 1350 Age : 57 Localisation : ou es charlie ? Date d'inscription : 28/09/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 7:31 | |
| - altos a écrit:
- excuse moi Salomé , là je vais poster un chronique d' un tout autre type.
ça circule sur le net et ça proviendrait de la boite ou bosse une amie. rien n' est verifie
certaines scenes ,...
Mes propos vont peut-être vous choquer, mais à vrai dire je m'en fiche pas mal. Je vais être clair : la mort de deux jeunes, électrocutés alors qu'ils cherchaient à se cacher de la police, ne m'attriste pas, mais alors pas du tout. Ils sont, avec leurs parents, et les gouvernements lâches et serviles qui se succèdent depuis des décennies en France, les seuls responsables de leur mort. Qu'ils aient eu ou non la police à leurs trousses, peu importe. S'ils avaient été en règle, ou s'ils n'étaient pas entrés dans ce lieu interdit, ils seraient en vie. Ils ont bien cherché ce qui leur est arrivé. Les musulmans disent "inch allah", nous dirons plutôt "quand on joue avec le feu, on se brûle". Contrairement au maire PS de Clichy, Claude Dilain, je n'ai pas de pensées amicales envers les familles endeuillées. J'ai trois enfants, je sais que s'ils finissaient grillés dans un transfo, c'est que j'aurai échoué dans mon rôle de père. Je ne chercherai pas d'autres responsabilités, je m'en voudrais terriblement, je me cacherais de honte... Je n'ai pas non plus envie de rendre hommage à ces jeunes. Qu'ont-ils fait pour mériter un hommage, une marche, ou quoi que ce soit ? Rendait-on hommage à chaque mafiosi tombé sous les balles de la police ou exécuté par un autre tueur ? Quel est ce monde où nous vivons, dans quel état de déliquescence est tombé notre pays pour que nous inversions à ce point les valeurs, pour que nous condamnions celui qui défend son bien et que nous rendions hommage à celui qui pille, viole ou tue ? Comment des hommes politiques, comment des éducateurs sociaux - que nous payons ! -, comment des journalistes peuvent-ils trouver des excuses aux pillards, aux casseurs, aux voyous qui ont brûlé des milliers de voitures, saccagé de nombreuses villes, tiré à gros calibre sur les CRS ? Qui sont ces ordures qui soutiennent la racaille ? De quel droit demande-t-on systématiquement aux forces de l'ordre de se justifier chaque fois qu'elles font leur boulot ? Et pourquoi ne pas rendre maintenant EDF responsable de cet incident ? Après tout, quelle idée absurde de produire de l'électricité, c'est extrêmement dangereux ! Si je n'ai aucune pensée amicale pour ces victimes et leurs voyous de copains, je suis par contre affligé par le meurtre, à Epinay-sur-Seine, d'un père de famille dont le seul tort a été de vouloir photographier un lampadaire, pour des raisons professionnelles. Selon la police, il n'a pas été battu, il a été massacré, lynché, devant les yeux de sa femme et de sa fille, par des jeunes (inutile de vous traduire le terme) qui n'ont visiblement pas accepté qu'il soit là. Les secours sont parvenus à le ranimer après 20 minutes de massages cardiaque, mais il n'a pas survécu. Là, nous avons un vrai martyr. Là, nous devons rendre hommage. Là, les autorités devraient exprimer leur compassion. Mais non, là, tout le monde s'en fout. Il n'y aura pas d'émeute, pas de pseudo travailleur social pour défendre la mémoire de cet homme, victime de la haine des banlieues. Sa famille le pleurera, puis tout les autres oublieront. Il n'est pas certain que les animaux qui ont fait ça soient arrêtés, et s'ils le sont, combien de temps passeront-ils en prison ? Quelques années, pour parfaire leurs techniques de racailles ? J'ai imaginé la scène du père massacré, les coups, les insultes, la violence et la haine. La victime, sa femme hurlant de l'épargner, sa fille pleurant et criant, et lui gémissant par terre dans une mare de sang. J'imagine les raclures s'acharner sur lui, le sourire aux lèvres, convaincus de leur supériorité, à coup de poings, de pieds, de tête... Et j'en pleure de rage et d'impuissance, avec une envie de vomir... et de faire autre chose, que je n'ai pas le droit d'écrire ici. Pauvre gars, pauvre France, quand nos compatriotes vont-ils se réveiller, et coller en prison toutes les ordures responsables de cette situation ? , n'empeche que ce brave monsieur, faudrait qu'il sache que les secours sont deja arrivé 20 minute apres que l'alerte soit donné, en sachant que le commisseriat est a 5 mn d'ou le crime a eu lieu, je ne cotionne pas, mais quand meme et je voudrais dire a ce monsieur au sujet d'epinay sur seine : ps : je ne vomis pas car j'ai pas eu mon 4 heures, mais c'est pas l'envie qui m'en manque | |
| | | zebulon
Nombre de messages : 1350 Age : 57 Localisation : ou es charlie ? Date d'inscription : 28/09/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 7:48 | |
| aussi pour le passage ou il parle d'hommage il y a eu un super hommage a ce monsieur, des jeunes des quartier sont venus faire des excuses a la famille et pas du genre "bijours madame nous te presente des excuse" et tout le monde s'en va, non c'etait vraiment un truc sincere, mais le monsieur de la lettre y sais pas parce que c'est pas au 20h de tf1 qui l'on dit mais dans le journal de la ville. le monsieur y dit aussi que "les animaux qui ont fais ca ne serons pas arreté" re car non seulement ils les ont arreté et que meme le dernier c'est rendu dans un commisseriat a grenoble, pourtant y z'en on parler au 20h de tf1! "La victime, sa femme hurlant de l'épargner, sa fille pleurant et criant, et lui gémissant par terre dans une mare de sang" euh faut arreté de regardé america history x | |
| | | altos
Nombre de messages : 1375 Localisation : Picardie Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 7:56 | |
| c' est rassurant de voir ce type de reactions | |
| | | zebulon
Nombre de messages : 1350 Age : 57 Localisation : ou es charlie ? Date d'inscription : 28/09/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 8:01 | |
| - altos a écrit:
- c' est rassurant de voir ce type de reactions
ca m'enerve ce genre de gens, c'est comme ma mere qui avait voté le pen en 2002 au premier tour a cause de ce que disait la telé, j'ai ete trois mois sans lui adreessé la parole | |
| | | altos
Nombre de messages : 1375 Localisation : Picardie Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 8:19 | |
| ma grand mere vote coco car elle vote en memoire de mon gd pere qu' a jamais eu le droit de vote en France. elle aussi elle etait affolee par l' insecurite, apres une heure de palabre, elle a convenu qu' en effet que chez nous "ça sentait pas le pate". elle est delirante, à propos de mon pere: "quel con!!! sa bonne femme a quand meme pas la choupette fendue comme une boite à lettre. elle est verticale comme tout le monde. " j' aime pas les grabataires mais elle c' est ma gd mere (80 ans y a un mois ou deux) | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 8 Déc - 9:46 | |
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| | | altos
Nombre de messages : 1375 Localisation : Picardie Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Ven 9 Déc - 3:27 | |
| ecoute Sal0mé, pour la chanson ton sonotone doit etre detraque | |
| | | zebulon
Nombre de messages : 1350 Age : 57 Localisation : ou es charlie ? Date d'inscription : 28/09/2005
| | | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| | | | zebulon
Nombre de messages : 1350 Age : 57 Localisation : ou es charlie ? Date d'inscription : 28/09/2005
| | | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 14 Déc - 22:09 | |
| Ceci est mon clone
Dieu sait que l'aveu nous coûte, à nous autres gens de progrès, mais parfois les avancées de la science ouvrent des perspectives de cauchemar. Avez-vous entendu la question qui traîne dans l'air en ce moment : pourra-t-on un jour « cloner le Christ » ? Ce n'est pas encore une perspective scientifique. Juste une espérance pleine de foi : celle de l'éditeur Albin Michel de reproduire le miracle de la multiplication des rendements en publiant sous ce titre le dernier livre de Didier Van Cauwelaert. L'homme est connu jusqu'ici pour ses romans. Je l'écris sans méchanceté, je le trouve très sympathique : en lisant ce qui est sa première enquête, on comprend à quel point il a eu raison de se spécialiser dans la fiction. Il est vrai que son sujet pose un problème technique important : pour dupliquer le petit Jésus, il faut en retrouver un fragment, ce qui n'est pas facile. On ne remonte pas un Christ de son cercueil comme un vulgaire Yves Montand, d'autant que Lui a eu la mauvaise idée de s'en sortir tout seul. Et allons-y donc pour refourguer sur 200 pages la seule relique censée avoir touché le saint corps, le suaire de Turin, ce marronnier en lin de la piété neuneu, dont tous les dix ans un laboratoire scientifique - soutenu par l'Eglise - nous apporte la preuve qu'il s'agit d'un faux du Moyen Age, et que toutes les trois semaines un allumé du merveilleux remet en marche : quand même, certains points laissent à penser, etc. Je vous épargne les détails, ils sont fastidieux. Rien ne manque ici à la tradition des « grands mys-tères de l'humanité » reliés en Skaï pour la bibliothèque de papy, à part l'affaire Roswell et le détour par les statues de l'île de Pâques, qui seront sans doute pour le prochain tome. Dès le premier chapitre, on tombe sur les inévitables Templiers, vers l'avant-dernier on en est déjà à Raël, nouvel incontournable de la nouillerie paranormale. J'exagère un peu, certains passages sont intéressants. A un moment, un des scientifiques requis par l'auteur pour abonder dans son sens (on en trouve toujours) tient la preuve par le microscope, grâce à un bout de tissu, que le Christ avait non seulement des morpions mais aussi des pellicules. C'est une avancée considérable pour les gens qui en souffrent. Cela leur révèle qu'il faudra bien en passer par une visite chez un dermatologue diplômé pour en sortir : si Jésus lui-même en avait, ça prouve que pour s'en débarrasser il n'y a vraiment pas de miracles. A part ça, le raisonnement qui sous-tend tout ça est d'une rigueur qui hésite entre la tradition d'Elizabeth Teissier et celle de Thierry Meyssan. Je vous résume : à chaque fois que n'importe quel phénomène lié au saint suaire reste inexpliqué par la science, l'auteur y voit quand même bien la preuve qu'il y a de quoi être troublé, non ? A chaque fois qu'elle les réfute de façon catégorique, l'auteur n'est plus troublé du tout, il y voit bien la preuve que la science ment. Au bout du compte, hélas, tout ce saint sang finit, si j'ose écrire, en eau de boudin. En fait, la question posée en titre est une métaphore, il ne s'agit pas de refaire Jésus mais, grâce à lui, de refaire le monde, nous dit l'auteur. Cela démontre au moins que lui-même a subi une fascinante métamorphose génétique. Hier encore, on le prenait pour un romancier plein d'humour, on sait dé-sormais qu'il est également un authentique clone de maman catéchiste. C'est dommage. Il y a dans l'idée posée au départ un vertige terrifiant. Je ne parle pas de cette capacité de la superstition la plus archaïque à se couler dans la modernité la plus ultra. Ça n'a rien de neuf. Souvenez-vous du bogue de l'an 2000, une vétille informatique qui devait nous apporter toutes les catastrophes les plus atroces, la ruine de l'économie, les pannes de magnétoscopes : qu'était-il d'autre que du pur millénarisme relooké sous Intel Pentium ? Le phénomène continuera. Aujourd'hui, les progrès du clonage servent à réalimenter des vieilleries sur les mystères de Turin. Demain, vous verrez, l'incroyable greffe du visage opérée par le Pr Dubernard va se finir en best-seller sur le retour du Masque de Fer. Je pense juste à ce qui se passerait réellement si, aujourd'hui, on nous annonçait qu'on a réussi à obtenir une seconde naissance du Christ. A quinze jours des fêtes ! Personnellement, un seul Noël, ce sommet du consumérisme baigné par un océan de lipides et d'infantilisme, ça tient déjà pour moi du cauchemar, alors vous pensez, avoir à s'en taper deux !
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 22 Déc - 1:35 | |
| Défaites de fin d'année
Et vous, amis de gauche ça va ? Pas trop ? Je m'en doute. Nous sommes entre nous, on peut le reconnaître, notre pauvre camp du progrès régresse à grands pas. Ne revenons pas sur son incapacité maladive à trouver un leader, c'est un sujet à ne pas aborder, ce serait un coup à donner l'idée de se lancer au seul pékin parmi les 412 chefs de courant du PS qui n'y avait pas encore pensé. Et qu'importe les hommes. Comme chacun sait, à gauche, seules les idées comptent, on peut en parler : elles sont dans un état encore plus lamentable. Après les émeutes de banlieue, après la polémique Finkielkraut, les esprits se sont tellement échauffés qu'on en est retombé à un niveau qui fait frémir. Essayez par exemple de rappeler des choses simples, qu'on a le droit de penser tout le mal que l'on veut des jeunes des cités, mais qu'on doit les juger sur leurs actions, non sur la couleur supposée de leur peau, vous verrez, vous aurez droit à cent courriers de lecteurs outragés : il y en a marre de votre angélisme, parlons vrai, sortons de ce politiquement correct qui nous étouffe, etc. Vous voyez l'idée. Hier encore, la croyance que tous les hommes étaient égaux semblait le socle banal et minimal de toute pensée démocratique. Aujourd'hui des milliers de gens la voient comme la muselière cryptostalinienne qui empêche les esprits libres d'exprimer ces saines idées tellement interdites qu'on les lit à longueur d'éditoriaux dans la moitié de la presse. A ce train, dans trois mois, il faudra se défendre de jouer le rôle d'idiot utile du terrorisme islamiste avant de pouvoir écrire que le rétablissement des châtiments corporels dans les écoles maternelles et du Code de l'Indigénat dans les quartiers n'est pas forcément une solution à tous les problèmes. Oui, à gauche, l'ambiance en ce moment a un petit côté « défaite de fin d'année », mais il faut garder espoir. Cachés dans la glace de ces sombres jours, quelques bourgeons déjà nous disent que bientôt le printemps va nous revenir : 1) N'oublions pas, tout d'abord, que si l'opposition n'a pour l'instant aucun avenir, et si elle est infoutue de gérer le présent, elle excelle dans un domaine non négligeable : le passé. Quelle divine surprise cette fameuse loi regrettant la colonisation ! Pétitions enflammées, annulation du voyage de Sarko aux Antilles, marche arrière du Premier ministre, puis du président, cette bêtise crasse des ultras de la majorité parlementaire a montré au monde les aspects positifs de l'UMP sur la vie politique de ce pays : ça fait vingt ans que personne n'avait offert à la gauche une telle occasion d'être enfin unie. Les esprits chagrins noteront qu'on attendrait surtout de l'opposition qu'elle s'entende pour savoir quelle politique conduire en France après 2007. Eh bien ! nous savons au moins qu'elle est d'accord sur la politique qu'il ne fallait pas tenir outre-mer avant 1962. C'est un début. 2) En combien d'autres domaines cette pauvre gauche peut compter sur l'alliance charitable de la droite ! En ce moment les socialos n'ont pas la queue d'une idée sur quoi que ce soit. Quelle importance, le gouvernement en a deux sur tout. Villepin Sarkozy ! Sarkopin Villezy ! Je n'écris pas cela méchamment, souvent je les bénis d'exister. Par exemple quand l'un d'entre eux prend on ne sait quelle initiative visant à saper un peu plus le Code du Travail, on sait qu'il ne sert à rien de s'énerver contre la mesure, puisque l'autre arrivera bientôt pour en proposer une pire. Ce numéro ne fait que commencer. Tous deux bétonnent leur réseau, cherchent les appuis de ces cercles tant chéris des politiques, les intellectuels. Ainsi, rapporte-t-on, M. Sarkozy n'a-t-il pas hésité à dîner plusieurs fois avec Pierre Palmade, Christian Clavier, Jean Réno et Jean-Marie Bigard ? Cela montre un certain courage de sa part. M. de Villepin se contente d'être proche d'humoristes plus retenus, on le dit ami avec Bernard-Henri Lévy, on a les comiques qu'on peut. J'attends beaucoup d'un Bigard, par exemple, et j'espère de tout mon coeur qu'on lui donnera la place à laquelle il rêve peut-être : devenir le vrai conseiller en communication du patron de l'UMP. Ce sera pour nous une bonne nouvelle. Quand M. de Villepin sera obligé de se décarcasser pour trouver plus punchy que les affiches représentant M. Sarkozy tout nu, en slip kangourou, plastronnant au-dessus de ce slogan tout en finesse « Sarko, un ministre qui n'en a pas qu'à l'Intérieur », on saura que le bout du tunnel est proche.
P.-S. : la gauche a besoin de repos, ça tombe bien, moi aussi ! Retour le 12 janvier.
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Ven 13 Jan - 7:56 | |
| Duplicatastrophe
L'autre année c'était Raël, cette fois c'est le faux savant coréen. Vous l'aurez remarqué, après la galette, les voitures brûlées, l'épidémie de gastro et, en plus furtif encore, les voeux du président Chirac, une nouvelle tradition s'ancre peu à peu à chaque changement d'année : l'annonce du premier clonage humain suivie de son démenti, une fois de plus c'était bidon. Parfois je le regrette. Combien d'avantages nous procurerait l'existence de vrais clones. Par exemple cela ferait disparaître ce métier affreux de sosie. Sans rire, je ne me rendais pas compte à quel point cette carrière était sinistre avant d'avoir terminé un des livres les plus poignants de cette rentrée littéraire : les Mémoires de Line Grégory, le sosie de Mylène Farmer. Oui, on en est là. Je ne sais si la doublure lumière de Chimène Badi a terminé son grand cri autofictionnel en quatre volumes et si le coiffeur de « la Méthode Cauet » a enfin rendu ses confessions (notez, sous le fameux titre « les Essais de mon peigne », ça pourrait être marrant), mais la fausse Mylène (comment appeler une fausse Mylène ? une mi-acrylique ?) a trouvé un éditeur (Michel Lafon). Réussir à tirer tout un bouquin d'un destin aussi dénué d'intérêt était un défi littéraire de poids. Je plaisante. Personne ne voudrait être cruel avec une fille qui semble fort gentille. Ensuite, d'un métier somme toute un peu austère - commencer ses journées en chouinant «Cendre de lune/ petite bulle d'écume» sous une perruque rousse sur un parking d'hypermarché pour finir ses nuits avec «Je... je... suis libertine» devant des mecs bourrés au Macumba, qui se trouve juste derrière le Norauto, c'est rude -, elle sait tirer des anecdotes pétillantes. Par exemple, une fois on l'a prise pour Isabelle Boulay. C'est vers la page 200. Avant, vers la page 110, elle échange quelques mots avec Mort Schuman, mais il meurt juste après ; elle confirme que C. Jérôme était vraiment un grand monsieur, mais on ne sait pas si c'est juste une question de talonnettes, et poussée par son lyrisme elle écrit combien Bernard Lavilliers fut «captivant» : «Il m'a même serré la main.» Il est vrai que l'affaire se situe quelques paragraphes après qu'on a croisé Michèle Torr en bigoudis devant sa caravane de tournée, un tel choc peut rendre hypersensible. Reste qu'il faut aller au bout du livre pour découvrir la vérité qu'il recèle : mieux vaut se vivre soi que vivre dans la peau d'une autre, et c'est bouleversant. Avoir besoin de 216 pages pour se manger une tarte à la crème pareille, c'est à pleurer. Si les techniques de reproduction artificielle étaient au point, disais-je, on aurait des duplications pures. Pas de ces petits ratages exaspérants qui entravent la lecture de ces clones ratés que sont les journaux people. Ne généralisons pas, cette presse sait aussi se montrer plurielle. Par exemple, la semaine dernière, pour faire le tour d'une question importante : Maud et Jeremy, de « Star Academy », sont-ils ou non un couple bidon ? C'est essentiel, surtout si comme moi vous ignoriez jusqu'à ces lignes qui sont Maud et Jeremy : découvrir des gens dont on se fiche complètement et apprendre en même temps qu'ils se foutent déjà de votre poire, c'est beaucoup. Maintenant, grâce à « Télé Star », on sait à quoi se fier. Contrairement aux autres titres qui brodent sur rien (j'adore le témoignage révélation dans « Public » d'une certaine Laure, qui déclare en énormes caractères : «Je préfère m'abstenir de parler»), le magazine nous offre une longue interview des deux concernés. Et effectivement, après avoir lu leur démenti (s'ils ne se sont pas vus depuis la fin de l'émission, c'est juste parce qu'il y a eu les fêtes, et s'ils ne vivent pas ensemble, c'est juste parce que Jeremy préfère partager «un studio avec un copain»), la vérité éclate enfin : leur couple n'est pas un peu surfait, il est totalement pipeauté. Reste ces erreurs de reproduction navrantes. Par exemple « Voici » et « Closer » publient la même semaine les mêmes planches photos représentant Mathilde Seigner en train de crier face à un certain Fabien, dont on nous dit qu'il est son ancien petit ami. Et savez-vous ce qu'ils en concluent ? Le premier qu'ils se remettent ensemble, le second que c'est donc bien fini. Et ça, c'est raide. Ne pas savoir si Mathilde ressort ou non avec Fabien, et apprendre en même temps qu'ils ont déjà été ensemble, quel choc.
François Reynaert | |
| | | lalala
Nombre de messages : 331 Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Ven 13 Jan - 12:48 | |
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| | | Grenouille
Nombre de messages : 758 Age : 49 Localisation : Valenciennes Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Ven 13 Jan - 12:51 | |
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| | | Celvie
Nombre de messages : 286 Date d'inscription : 29/07/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Sam 14 Jan - 7:07 | |
| - Salomé a écrit:
- Duplicatastrophe
C'est essentiel, surtout si comme moi vous ignoriez jusqu'à ces lignes qui sont Maud et Jeremy François Reynaert Ouiiii je l'ai vu ça et je me suis dit la même chose! Mais c'est qui ceux là? - Salomé a écrit:
- Ne pas savoir si Mathilde ressort ou non avec Fabien, et apprendre en même temps qu'ils ont déjà été ensemble, quel choc.François Reynaert
Encore. Ca me fait ça souvent! | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Lun 23 Jan - 7:11 | |
| Ségocentrisme
C'est évident, on lui place des chausse-trapes affreuses sous les pas. Le vieux système se défend. Voyez cette campagne épouvantable relayée dans la presse en ce moment pour barrer la voie à Mme Royal, nouvelle reine de la candidature socialiste : on ne cesse de publier des sondages en sa faveur. A un an et demi du but, c'est ignoble. Quelques hommes politiques ont bien remarqué à quel point il était dangereux d'être aussi haut, trop tôt, dans les en-quêtes, surtout d'ailleurs ceux qui sont en bas. Ils ont raison. Souvenez-vous de ceux à qui on a fait le coup : Rocard, Chevènement, Balladur... Balladur ! C'est ce destin que vous voulez pour Ségolène ? Une présidence à vie de commissions à bâiller, et des bouquins sur la « nécessaire réforme » qui endormiraient un kangourou sous caféine. On insiste beaucoup, en ce moment, sur les difficultés qu'il y a pour un François Hollande à avoir comme compagne une future candidate socialiste. Que dire du cauchemar qu'il aurait à vivre si elle se transformait en ex ? Oui, le chemin est semé d'embûches, mais je pense que Ségolène a un avenir parce que, contre la droite, elle dispose de bien mieux qu'un petit vent de folie, elle dispose d'une arme. Attention ! Je ne parle pas d'une arme politique, d'une idée, d'un programme. Les fâcheux daubent sur le fait qu'elle n'en a aucun. C'est vrai, et alors ? Elle a bien raison ! Depuis quand est-ce nécessaire pour se faire élire ? Regardez Chirac, est-ce qu'il a eu un programme, lui ? Non, depuis 132 ans qu'il est aux affaires, il en a eu au moins douze, successivement ou en même temps, tous contradictoires les uns avec les autres, et quelle importance ? A ce jour, il a eu l'élégance de n'en appliquer aucun. En outre, ne pas avoir d'idées précises évite d'en avoir de franchement tartes. Je pense à cette phrase irréelle de Mme de Panafieu, qui m'a sauté à l'oeil l'autre jour dans le « JDD », qui l'interrogeait sur son programme pour Paris : «Mon leitmotiv, répondait-elle, c'est moins de voitures, mieux de voiture.» C'est fascinant. « T'as une carte Orange, toi, à Paris ? Euh non, grâce à Panaf, j'ai eu une mieux de voiture, mais elle est au mieux de garage. » Je l'écris avec admiration, réussir à sortir une phrase aussi dénuée de sens confine au génie. Je passe aussi sur l'autre arme de Mme Royal, une arme fatale, celle-là : son genre. Vous l'aurez remarqué, sur quelque sujet qu'elle s'exprime - que ce soit pour dénoncer l'attitude lâche des phallocrates odieux qui sont assez vils pour vouloir la place qu'elle veut elle-même, ou pour souligner son sens si concret des petites choses (les menus des cantines, la carrière de François, tout ça...) -, elle n'hésite jamais à mettre en avant le fait qu'elle est une femme, ce qui est absurde : personne n'en doute ! Amies féministes, rangez vos plumes, je charrie, c'est exprès. Je ne méconnais absolument pas la puissance du machisme régnant dans la vie publique de notre pays, j'ai encore dans l'oreille les éructations du sénateur Charasse («Ce sera comme pour la mère Merkel, et pan dans le popotin!») et je partage vos interrogations : est-il raisonnable, en 2006, qu'un type assez gras pour parler du popotin de ses rivales puisse poser le sien sur un siège censé représenter notre République ? Et je suis bien content qu'au moins sur ce plan-là la vie politique française évolue un peu. Seulement, quand il s'agira de savoir comment la future candidate compte combattre le chômage, la misère ou l'insécurité, il faudra plus qu'un sourire, il faudra des propositions, et je ne crois pas qu'elles aient un sexe. Reste cette botte secrète que Ségo nous livra à demi dans « l'Obs », il y a quelques semaines. Vous avez lu ce qu'elle répond quand on lui signale que, contrairement à elle, son compagnon n'aurait pas posé avec leur fille dans les journaux people ? «Il ne faut pas que François fasse la sainte Nitouche, il a bien posé dans «Match» avec Sarkozy.» C'est dément. Entre une photo mettant côte à côte deux candidats opposés et une mise en scène de la vie privée, pour Ségolène, il n'y a pas de différence : c'est-à-dire que pour elle, entre sa fille et Sarkozy, il y a une équivalence absolue. Et ça, c'est une bonne nouvelle pour la gauche. Ah si ! Si Nicolas a face à lui Mme Royal comme candidate, on a peut-être tout à craindre. S'il l'a sur le dos comme mère, là je peux vous le dire, telle qu'on la suppose, il filera doux !
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 25 Jan - 13:43 | |
| Ecce promo
M de Villepin, lors de ses voeux, a demandé de l'humour. Il faut se réjouir que dans ce monde de coeurs secs un de ses ministres, au moins, ait répondu à l'appel : M. Breton, ministre de l'Economie, et sa proposition d'il y a quelques semaines : si on organisait «plusieurs phases de soldes dans l'année» ? Je ne dis pas ça pour le flatter, ça m'a fait hurler de rire. Certes, comme s'est empressée de le rapporter la presse du lendemain, proposer qu'on arrête de se limiter à une seule période les déstockages saisonniers signale une connaissance un peu légère du dossier : il y en a déjà deux. D'accord, avec le boulot qu'il a, on se doute que M. Breton, à chaque printemps, a peu de temps à consacrer à ce qui préoccupe le reste du monde : savoir si oui ou non le fameux petit haut repéré le mois d'avant sera encore disponible dans sa taille à l'ouverture du déstockage de juillet. En plus, à quoi cela servirait-il ? Cet homme est censé assainir les finances publiques, c'est sûr, mais même s'il trouve le fameux body avec du 70% de rabais, ça ne l'aiderait que peu, la dette nationale se monte, je le rappelle, à 2 000 milliards d'euros. Reste que cet homme a des collègues qui auraient pu le prévenir. Je viens de lire cette nouvelle qui m'émerveille : «Cette année, M.Dutreil, ministre du Commerce, a tenu à inaugurer les soldes aux Galeries Lafayette.» C'est quoi, un ministre qui «inaugure les soldes» ? On le met en tête derrière la porte, il a le droit d'être le premier à fondre sur le corner « affaires en or » du rayon accessoires maroquinerie et lui, au moins, pour se dégotter le petit sac de ses rêves, n'est pas obligé de s'en servir pour taper sur les sales pattes de son chef de cabinet en criant «je vous en prie, Madame, je l'ai vu d'abord» ? En tout cas, ce pauvre M. Breton a fait une bourde qui la fiche mal quand on prétend être proche des gens. Elle lui donne un côté Marie-Chantal en costume-cravate qui reviendrait du premier déplacement de sa vie en banlieue avec une idée géniale pour relancer le commerce en France : « J'ai découvert une chose incroyable, une espèce de Fauchon très grand avec un parking autour, dans lesquels les gens s'engouffrent en poussant des petits chariots métalliques, il faudrait qu'on en fasse plus, je suis sûr que le public adorerait ! » D'accord, économiquement, le raisonnement est un peu bancal. Les commerçants font jusqu'au tiers de leur chiffre d'affaires pendant cette période de promotion, nous expliqua M. Breton. Qu'en aurait conclu n'importe qui ? C'est bien la preuve que les gens n'ont pas assez de ronds pour acheter les saloperies hors de prix qu'on veut leur fourguer autrement. Le ministre, non, il calcule autrement : il n'y a donc qu'à multiplier les soldes comme ça les gens multiplieront leurs dépenses. Ben voyons ! C'est comme si, constatant que le chômage touche plutôt les jeunes, on avait cette idée géniale pour en sortir : demander aux gens de chercher un emploi uniquement quand ils sont vieux ! Vous me direz que c'est précisément ce que veut faire le gouvernement avec les nouveaux contrats précaires qu'il est en train de fricoter. C'est vrai, mais c'est un autre sujet et il n'a rien d'amusant. Tandis que la mise en place concrète de la suggestion du ministre, si elle est bien menée, peut conduire à quelque chose de désopilant. Si vous faites six périodes de soldes d'un mois, plus personne ne sera assez dingue pour acheter quoi que ce soit le reste du temps, il faudra donc fermer l'ensemble des commerces les six mois restants. Par ailleurs, à l'heure de la vie en soldes, on ne pourrait donc plus acheter rien d'autre que les fameuses spécialités de ces périodes : 1) les baskets disponibles uniquement en taille 32 ou 49 ; 2) les chaussettes vendues par une ; 3) les stocks de sous-vêtements marronasses dépareillés de la fameuse ligne « prozac in DDR ». Et naturellement tout ça ne serait accessible que dans des magasins bondés. Ajoutez les vendeuses au bord de la dépression nerveuse et vous y êtes : la moitié des commerces vides et l'autre prise d'assaut par des gens capables de n'acheter que des trucs absolument immettables vendus par un personnel sous neuroleptiques et, c'est bon, en trois ans la France sera le seul pays d'Europe de l'Ouest capable de prétendre au titre enviable de copie conforme de la Pologne communiste.
François Reynaert | |
| | | Grenouille
Nombre de messages : 758 Age : 49 Localisation : Valenciennes Date d'inscription : 01/04/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 25 Jan - 14:07 | |
| Merci salomé pour ce rendez-vous jamais manqué.... Je me souviens que vous aviez parlé de ses bouquins, mais je retrouve plus le topic, quelqu'un pourrait me refaire un tit topo pour que je sache quoi prendre la prochaine fois que je suis perdu dans le monde merveilleux des magasins de livres ? Y en a-t-il un qui reprenne ses chroniques ? Bouh, je sais pas lequel choisir... (et je peux pas tous les prendre pour le cas ou des petits plaisantins s'amuseraient à me rétorquer cette ineptie ) | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 1 Fév - 21:58 | |
| Le Front pipolaire
Est-on peu de chose ? J'y pensais en reposant « la Mafia des people » (la Table ronde), un livre signé par un certain Jean-Paul Champagne, qui connaît son sujet, on nous dit qu'il a longtemps travaillé à « Voici ». L'ouvrage, simple repiquage de toutes les enquêtes faites par d'autres, n'apporte rien de très neuf, mais n'est pas inintéressant. Il revient sur les grandes affaires récentes qui ont secoué ce monde et ça n'est pas mauvais de réviser, ça va tellement vite. Songez à ce qu'on a dû affronter simplement au printemps dernier : l'interview de Depardieu éméché à la BBC, le début de « la Ferme Célébrités 2 », ou la révélation par « Match » de l'enfant caché d'Albert, qui fut le 11-Septembre de la peopologie, en plus atroce : les tours étaient deux pour se défendre ; ce pauvre prince, seul. L'auteur se penche particulièrement sur une réalité peu glamour dont on a parlé dans ce journal maintes fois, mais qu'il est bon de rappeler : ce système est avant tout un système économique. Economique est une façon de dire, vu l'énormité des sommes en jeu. On connaît ces pratiques pathétiques dites « ménages », qui permettent à n'importe quelle vedette de second rayon de gagner l'équivalent d'une succursale Minolta en acceptant de se faire prendre en photo cinq minutes dans une soirée. Se faire payer uniquement pour être vu, quelle honte quand on y songe ! Ils pensent quoi, ces gens, quand ils se regardent dans la glace : ils appellent leur agent pour demander un défraiement à leur miroir ? On sera content aussi de redécouvrir les détails de ce nouveau petit commerce : le procès pour atteinte à l'image. Attention ! On n'obtient des réparations que pour réparer un préjudice, et je sais les souffrances qu'il y a derrière. Quand on en est à la préparation de la grande séance photos de son intérieur, avec femme et enfants, pour assurer ses quatre pages de promo dans « Gala » d'un livre dans lequel on détaille ses coloscopies, avoir à se taper en plus les conversations avec son avocat pour fignoler son procès pour atteinte à la vie privée, c'est lourd ! Heureusement, ça peut rapporter. En 2000-2001, une Stéphanie de Monaco a touché en dommages et intérêts l'équivalent de 46 années de salaire minimum, ce qui est une prouesse dans une famille où nul n'a la moindre idée de ce qu'est un salaire tout court. Et personne ne doute que les célébrités aient de grands besoins. L'auteur nous rappelle le procès intenté par Estelle et David Hallyday au journal « Voici » qui avait osé prétendre qu'ils allaient se séparer. Leur difficile combat n'a pas été vain : les dommages et intérêts qu'ils ont touchés leur ont permis illico d'arranger au mieux les modalités de leur divorce. Reste le point faible de l'ouvrage : sa partialité. Il parle beaucoup des incohérences grotesques des créatures couchées sur le papier glacé de la presse de salon de coiffure, très peu de celles qui font tourner les rota-tives. C'est dommage. Se moquer de la façon dont les people matraquent les journaux à coups de dommages et intérêts, c'est bien. Glisser si vite sur le fait que les journaux peuvent les payer parce que raconter la vie de ces mêmes people leur rapporte cent fois plus, c'est un peu court. Et pourtant le phénomène est fascinant. Songez que, l'été dernier, la seule question essentielle de savoir si Nathalie Marquay allait ou non quitter Jean-Pierre Pernaut a permis non seulement au dernier-né du secteur, « Closer », de s'imposer, mais encore à l'ensemble de sa concurrence d'exploser ses prévisions de vente. Et cela, vous disais-je, quand on songe au naufrage qui guette la presse d'information, ça fait rêver. Vous me direz, quel rapport ? On ne va pas demander à « Libé » de titrer sur les chatouilles supposées de Nathalie avec on ne sait quel autre candidat de la « Ferme » uniquement pour tenter de redresser ses ventes défaillantes avec des trucs porteurs. Non. Mais, à l'inverse, on pourrait demander à Pernaut de faire un effort pour prendre position sur des sujets qui intéressent la presse d'information, non ? La grande interview sur le conflit israélo-palestinien, j'en doute. Ça fait trente ans qu'il arrête ses journaux de 13 heures à la frontière de la Haute-Saône, il ne saura même pas où c'est. Mais un entretien croisé avec Nathalie sur le contrat nouvelles embauches, pourquoi pas ? Avec un contrepoint de Daniel Ducruet sur la difficulté des jeunes à trouver un emploi stable, ça pourrait être amusant.
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Jeu 9 Fév - 9:45 | |
| Les Bronzés font du Mozart
Restons optimistes, même les pires travers de la modernité ont leur avantage. Prenons un des cauchemars du moment, le marketing culturel géré comme un bombardement. Vous voyez à qui je pense, à ce tsunami qui ravage le paysage depuis un mois : les Bronzés font du Mozart. En ce moment ça vire au film d'horreur. Vous ouvrez n'importe quel média, et allez hop ! vous êtes sûr de tomber sur une perruque : soit c'est Wolfgang Amadeus, soit c'est Michel Blanc. Je force un peu le trait, les deux commémorations sont différentes. Mozart, dont on fête le 250e anniversaire de la naissance, a le bon goût de rester lui-même très en retrait de toutes ces cérémonies. Les ex du Splendid sont en pleine forme - en tout cas ils le répètent en boucle depuis un mois - et en plus ils sont six, c'est dantesque, il y en a toujours un qui sort de quelque part. Ensuite comment comparer leur notoriété ? Tous les moins de 50 ans connaissent par coeur les répliques de Jean-Claude Dusse, que savent-ils de ce pauvre virtuose autrichien sinon que c'est le type qui a inventé une ou deux sonneries de portable ? Je pousse. Pour ce qui est du produit dérivé, Mozart est meilleur. Il y a des chocolats Mozart, des saucisses Mozart, des soutiens-gorge Mozart, des romans d'Eric-Emmanuel Schmitt Mozart, il paraît qu'il y a même de la musique de Mozart, où va se nicher l'indécence du marketing ? Pour son pays, le musicien est un vrai plus à l'export ; son nom, explique au magazine « Challenges » le patron du yogourt Mozart, est un formidable sésame pour le business autrichien. Vous me direz, la seule autre vedette autrichienne mondialement célèbre, c'est Adolf Hitler, c'est moins porteur. Les Bronzés ne sont pas au niveau sur ce terrain. Vous vous imaginez, vous, essayer de vendre un porte-avions à la Chine en répétant avec un petit air entendu « Ce soir, je sens que je vais conclure » au ministre de la Défense, sous prétexte que ça fait rire tous les copains de votre fils. Enfin, pour rester dans l'économie, les tarifs ne sont pas les mêmes non plus. Comme nul ne l'ignore plus depuis que ce coffret fait un carton, on peut désormais s'offrir tout Mozart pour moins de 100 euros. A ce qu'on a cru lire dans la presse, pour se payer les six du Splendid, le producteur a dû allonger un peu plus. Il est vrai que, depuis, il y a eu de l'inflation. Reste qu'il y a, entre les deux mondes, la similitude d'un système écoeurant. Au départ, tous ceux-là sont des gens pour qui on a plutôt de la sympathie, on sait que pour eux ça n'a pas toujours été si évident. Mozart, c'était ce petit prodige bien trop intelligent pour son temps, qui dut batailler contre des rivaux de poids, Clementi, Salieri. La bande du lycée Pasteur, c'était ces petits gars qui, malgré leurs efforts, n'étaient pas encore assez cons pour leur époque. Je lis qu'en termes d'entrées « les Bronzés 1 » a été totalement écrasé par « le Gendarme et les extraterrestres ». Et même au final, leurs oeuvres ne sont pas si mal. Je ne connais pas tout Mozart, on conviendra qu'en termes de musique il confine au génie. Je viens de voir les fameux « Bronzés 3 », j'en conviens bien volontiers, en termes de comédie un peu franchouil-larde mais sympa, ça n'est pas la plus mauvaise. Seulement songez à l'inondation de Mozart qu'on va devoir s'éponger d'ici à l'année prochaine ! Imaginez la bronzomanie déversée en 950 copies sur l'Hexagone, après un matraquage promotionnel qui aura coûté 1,5 million d'euros ! En France, il n'y a pas de sous pour la recherche, pas de sous pour l'éducation, pas de sous pour les mal-logés et quelques pièces jaunes de notre chaisière en chef pour les enfants malades dans des hôpitaux que le gouvernement de son mari n'est pas foutu de gérer convenablement, mais on trouve 1,5 million d'euros pour convaincre les gens d'aller se taper une comédie de boulevard qui permettra à Christian Clavier de s'acheter une vingt-cinquième villa en Corse ! On en est bien d'accord, c'est ce matraquage qui est insoutenable, cette manière de gérer la culture comme les Américains, il y a quarante ans, géraient le napalm au Vietnam. Seulement, ça a un avantage. Il y a quarante ans, pour s'opposer à cette horreur, il fallait militer, s'engager dans d'interminables combats. Aujourd'hui, c'est simple, vous décidez par principe de ne plus écouter que du Haydn pendant un an, vous vous louez l'intégrale des Charlots, et voilà, vous serez un vrai rebelle.
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 15 Fév - 12:52 | |
| Ice crime et châtiment
Quoi qu'on pense des Américains, ils ont au moins un avantage sur nous, ils ne manquent pas d'ambition. J'y pensais en reposant « Deception Point », un des premiers livres de Dan Brown, que son éditeur juge opportun de remettre en vente en ce moment. Je sais, ce fait même vous énerve. Depuis le succès planétaire du fameux « Da Vinci Code », on n'arrête plus de voir sortir des bouquins écrits dans son sillage. Voilà que même l'auteur essaie de profiter du filon. Je ne crois pas que cette nouvelle publication fasse le même carton que la précédente. Cet ouvrage souffre d'un défaut majeur par rapport au précédent : il est quand même moins grotesque. D'accord, mon jugement est subjectif. « Da Vinci » partait avec un avantage très net. Entre le Louvre, Paris, le secret des Templiers, les misères du petit Jésus, il se passait dans des lieux qu'on connaît un peu. Les voir repassés par une moulinette aussi nigaude, ça faisait un peu le même effet que, pour un diplomate, de regarder les réceptions de l'ambassadeur de Ferrero Rocher. Dès le départ, c'était beaucoup de plaisir. Dans « Deception », tout se passe entre une station de la Nasa sur la banquise et un autre endroit glacial d'où toute vie est également bannie, la Maison-Blanche (comme me le suggère ma camarade de bureau, c'est Ice Crime et Châtiment). Je ne doute pas une minute que la description qu'en fait l'auteur soit tout aussi tartignolle, mais pour les gens qui, comme moi, n'y ont jamais mis une moufle, c'est moins marrant. Cela dit, les principes cardinaux du genre sont toujours là. Par exemple cette manie de ne pas raconter une seule histoire mais de l'éclater en deux ou trois et de les intercaler pour faire tenir le suspense. Parfois, la technique vire au procédé. Vers le milieu du livre, quand vous abandonnez les héros démunis de tout, évanouis sur un iceberg par -35 °C, dans la ligne de mire de méchants armés comme une centrale nucléaire iranienne, et que, d'un coup, vous passez au chapitre suivant, qui vous ramène à Washington, vous savez bien qu'il ne s'agit plus d'un ressort romanesque, mais juste d'une mesure d'urgence que s'est donnée ce couillon d'auteur ; il veut avoir au moins dix pages devant lui pour savoir comment se dépatouiller d'un pareil sac de noeuds. Le tout avec cette manie qu'a ce garçon de faire tenir ses intrigues en un laps de temps ridiculement réduit, ce qui est souvent too much. Encore qu'ici, nous sommes dans une oeuvre de jeunesse, le phénomène soit géré avec parcimonie. Dans « Da Vinci Code », en une seule nuit, les héros réussissaient à détourner une horde de psychopathes, à percer les plus grands secrets du christianisme, à deviser sur les Mérovingiens, à prendre le thé à 2 heures du matin, et, encore plus invraisemblable, à se faire ouvrir une banque après 16h30. Cette fois, en une journée, nos nouveaux amis font éclater le complot du siècle, échappent cinquante fois à des morts atroces, sautent au dernier moment dans un sous-marin atomique, mais on ne les voit jamais avaler un sandwich ou faire pipi, on sent une réelle aspiration à la sobriété. Le tout, naturellement, dans une ambiance de manipulation et de complot qui ferait passer le cabinet de M. Pou-tine pour un élevage de souris blanches. C'est normal, notez. Un livre de Dan Brown sans ambiance paranoïaque, ce serait juste comme une pâtisserie sans beurre et sans sucre : un croûton. Au-delà de tout ça, m'a plu la vision qu'a l'auteur d'un sujet que nous connaissons bien aussi, une campagne présidentielle. Certes, il y place des éléments difficilement transposables en France : l'héroïne est à la fois la fille du candidat de l'opposition et le pion le plus important de la campagne du gouvernant sortant. Un peu comme si Kevin Hollande se mettait à bosser pour Sarkozy. C'est impensable. Les gens sont déjà paumés par les histoires de couple des Royal, si on rajoute la crise d'adolescence des gamins, ce sera à se flinguer. Mais j'aime l'ampleur du défi que l'auteur lance. Dans son livre, les présidentiables se battent à propos d'une météorite qui nous pose cette question : y a-t-il une vie au-delà de l'Univers ? Ça ne tient pas debout, sans doute. Mais dans une période où, chez nous, on n'en trouve pas un qui cherche à savoir s'il y a une vie avant 2007, ça fait du bien.
François Reynaert | |
| | | Salomé
Nombre de messages : 1136 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 30/03/2005
| Sujet: Re: CHRONIQUES Mer 22 Fév - 12:26 | |
| Infomanie
Parlez sans crainte, nous sommes entre nous. Vous aussi, avant, c'était juste une rasade, le soir, vers 20 heures, en dînant. Puis vous êtes passé à un petit dernier, vite fait, avant de dormir. Et maintenant, même dans la journée, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous en jeter quelques-uns discrètement, planqué derrière internet, et il vous arrive même de vous relever la nuit pour avaler n'importe quoi, un journal de la nuit merdique sur une chaîne de la TNT, une retransmission du 19-Heures luxembourgeois sur TV5 ? Eh bien, j'ai deux nouvelles pour vous. La première est mauvaise. Contrairement à ce que vous pensez, vous n'êtes pas un honnête citoyen qui avale tous les journaux parce qu'il cherche à s'informer, vous êtes juste ce qu'on pourrait appeler un infomane, c'est-à-dire le pathétique accro d'une dope particulière, l'actualité. La seconde est excellente : si vous voulez vous soigner, vous pouvez lire « Overdose d'info. Guérir des névroses médiatiques » (Seuil), un livre qui vous est entièrement dédié par un éminent psychiatre, le Pr Michel Lejoyeux. Le livre, passionnant, pointe à juste titre une dérive étonnante de notre monde occidental, cet envahissement de tout l'espace par l'info continue. Entendons-nous bien, je travaille dans un journal moi-même et, si j'ose écrire, je ne cherche pas à scier la branche sur laquelle vous êtes en train de me lire. Consommés de façon modérée, les journaux, c'est comme le picrate, ça ne saoule pas et c'est excellent pour la santé. Le problème, ce n'est pas l'info en soi, c'est le gavage. Télé, téléphone, ordinateur, radio, regardez le nombre de sources qui vous vendent de l'actu, ce ne sont plus des médias, ce sont des entonnoirs. On nous en colle partout. Même dans les clubs de gym, je le constatais encore il y a peu, on trouve désormais des télés allumées. C'est dément. Je comprends que l'on s'intéresse à la marche du monde, mais, franchement, en quoi marchera-t-il autrement si on le regarde quand on est soi-même en train de pédaler en sueur et en caleçon sur un vélo qui ne bouge même pas ? Et que dire de cette mode nouvelle des bandes passantes qu'on voit maintenant défiler en bas de tous les écrans de chaînes d'info. Vous me direz, ça peut aider : le présentateur annonce une catastrophe monstrueuse quelque part, en même temps la bande annonce ailleurs un attentat encore pire, tout de suite, ça relativise. Le livre étudie les causes de ce phénomène, l'économie, par exemple. Comme les sodas ou les hamburgers, l'info est une marchandise, le marché a donc tout intérêt à en fourguer le plus possible, quitte à créer chez le consommateur des phénomènes de boulimie. Comment s'en prémunir ? Faudra-t-il, pour sevrer le monde, interdire les infos dans les bureaux, comme les distributeurs de Coca dans les écoles ? Ce serait absurde, avec l'internet sans fil, les gens profiteraient des pauses pour aller se prendre leur shoot de journal dehors, avec tous les fumeurs qu'on y trouve déjà, ils seraient capables de choper le cancer en plus. L'auteur met aussi en garde contre les dangers sociaux de ce phénomène. Il y a quarante ans, à l'époque où la télé, entièrement contrôlée par le pouvoir gaulliste, ne diffusait qu'une actualité aseptisée et patriotarde, on voyait l'info comme une sorte de tisane poussant les gens à s'endormir dans leurs pantoufles. Aujourd'hui, la télé est juste contrôlée par le marché et, franchement, quand on voit le nombre d'horreurs dont elle nous bombarde, ça ne donne pas envie non plus de quitter son pyjama, ça donne envie d'y demander l'asile politique. Mais surtout l'homme est psychiatre, et c'est sur ce terrain qu'il est le plus opportun. Pour Lejoyeux, à la base, la névrose médiatique n'est jamais que l'avatar contemporain d'une autre qu'il connaît bien, l'hypocondrie, la peur des maladies. Vous voyez ce qu'il veut dire : passer son temps à chercher à s'horrifier de l'état de la planète en se droguant d'une actualité terrifiante, c'est exactement comme être terrifié par des maladies atroces dont on va chercher frénétiquement les symptômes dans des dictionnaires médicaux. Et ça, c'est bon de le savoir. Comme en ce moment, avec ces saloperies de cygnes grippés qui meurent un peu partout, on est tous tétanisés à la fois par les nouvelles du monde et les nouvelles de notre santé, apprendre que ces deux flips sont les deux faces d'une même dinguerie, finalement, ça soulage.
François Reynaert | |
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