Noir Désir
Dernière volonté ?
Juste avant la mise en bac de "Des visages, des figures" le 11 septembre 2001, Serge Tessot-Gay et Bertrand Cantat nous expliquaient ensemble que la tournée de cet album se devait d’être particulière et qu’il faudrait attendre encore un peu pour voir un Noir Désir nouvelle version sur scène. Si le groupe s’était bien produit sur quelques festivals et dates estivales (6 en tout) en juillet et août 2001, ils ne s’étaient pas encore penchés sur la transposition de leur nouvel opus en live et ne proposaient alors qu’un ou deux inédits sur scène, dont « Le vent nous portera ».
« Sur nos derniers concerts, on est restés dans la même mouture de ce qu’on faisait jusqu’à présent sur scène. Mais c’est tout simplement qu’on a pas eu le temps d’aborder le live de la manière qu’on a abordé les nouvelles compos pour le disque. C’est à dire avec un gros boulot de répétition où tu vas triturer les morceaux d’une autre façon » déclarait Serge à l’époque.
Bertrand confirmait: "On ne peut pas se jeter sur une tournée maintenant, il n’en est pas question. Ca ne serait pas intéressant"
En public
Finalement, après encore 2 dates, le 28 septembre (l’événement "Ca bouge encore à Toulouse") et le 10 décembre 2001 (un concert de soutien au GISTI), Noir Désir allait nous faire patienter jusqu’en mars 2002 pour apparaître dans une nouvelle configuration, propre à traduire les arrangements de "Des visages, des figures ».
Complété par Christophe Perrucci aux claviers, aux samples et aux cœurs, le quatuor devenu quintet pouvait dès lors se lâcher sur 60 dates qui demeurent à ce jour leurs meilleures prestations.
Sans pour autant abandonner la tension et l’énergie qui caractérisent leur son depuis 1987, les Bordelais réexplorent ainsi leurs anciens morceaux, s’ouvrent à de nouveaux horizons et jouent plus que jamais sur les respirations.
Betrand chante plus qu’il ne crie, des cordes s’invitent sur "Bouquet de nerfs" alors que la batterie capitule, la guitare s’éclipse devant l’orageux "Des armes" de léo Ferré, samples et nappes de claviers enrobent la traditionnelle configuration guitare/basse/batterie sur "A l’envers à l’endroit " ou "Des visages des figures".
Ces 60 concerts Noir Désir les enregistre et prévoit d’en faire un live. De même l’ultime date de la tournée, aux arènes de l’Agora d’Evry le 14 décembre 2002, est filmée par Don Kent en vue d’un DVD.
A l’été 2003, le groupe est au studio du Manoir en plein mixage et le projet est prévu pour sortir à la fin de l’année. Bertrand, lui, est parti à Vilnius en Lituanie……. Tout s’arrête là.
En images
Deux ans plus tard, voilà que se prépare l’arrivée, pour le 19 septembre, de "Noir Désir en public", le double CD et "Noir Désir en images", le double DVD.
Au menu du DVD1, on trouvera le concert d’Evry en intégrale, soit 80 minutes de live (avec , si rien ne bouge, pyromane, septembre en attendant, les écorchés, one trop one noise, le fleuve, le grand incendie, la chaleur, tostaky, bouquet de nerf, le vent nous portera, des armes, des visages des figures et comme elle vient) agrémentées d’un making of de 5 minutes intitulé "les sangliers sont lâchés" où on peut voir le groupe en répétition à l’Agora et les préparatifs de la captation avec Don Kent et Stéphane Saunier.
Pour le DVD 2, l’intégrale des clips sera proposée, ainsi que plusieurs documents comprenant des extraits live (4 titres tirés des Eurockéennes 1997, "Working class hero" joué à l’Elysée Montmartre pour le concert du GISTI en 1999, "A l’envers à l’endroit" et "Les écorchés" joués aux Victoires de la musique 2002), les pubs TV de Henri-Jean Debon réalisées pour l’album "Des visages, des figures" et ses différents singles avec le fameux détournement du logo Univeral, des créations libres de Julie Thomas et Zar réalisées autour de versions inédites et improvisées, où Noir Désir reprend l’intro d’un morceau avec les textes d’un autre, et "Une journée américaine"…..Un document où on voit le groupe au complet reprendre "Aux sombres héros de l’amer" dans une version clin d’œil à Georges Brassens (guitares sèches virtuelles et moustaches postiches à l’appui !!)
Avec cet épisode live, le 2e de leur carrière après Dies Irae en 1994, Noir Désir devra encore un album à son label Barclay.
Habitué à réfléchir longuement entre chaque album sur la possibilité de continuer (4 ans s’étaient écoulés entre "Tostaky" et "666.667 club", et 5 ans entre celui-ci et le dernier en date), Noir Dez est cette fois dans un contexte bien plus complexe qu’en temps normal.
Après l’apogée de "Des visages, des figures" et de la tournée qui a suivi, le futur du groupe est aujourd’hui plus flou que jamais, même si aucune porte n’a été fermée pour le moment …
La fin d’un chapitre ou la fin d’une histoire, ce live clôturera l’un ou l’autre, mais Noir Désir peut indéniablement être fier d’une carrière exemplaire qui a influencé toute une frange de la scène rock française depuis 18 ans.
Ce témoignage (ultime?) le prouve encore.
Rock Mag a rencontré Serge, Denis et Jean-Paul, nous publierons cet entretien en septembre.
ROCK MAG Août 2005