La justice néerlandaise refuse d'interdire un parti pédophile
LA HAYE (AP) - Invoquant la liberté d'expression et d'association, la justice néerlandaise a refusé lundi d'interdire un nouveau parti politique de pédophiles qui milite notamment pour l'abaissement de l'âge de la majorité sexuelle de 16 à 12 ans.
Les adversaires du parti pour "Amour du prochain, liberté et diversité" (PNVD), qui compte seulement trois membres connus, dont l'un condamné pour agression sur mineur, avaient demandé à un tribunal de La Haye d'interdire à la formation de se présenter aux législatives de novembre. Le juge H. Hofhuis a refusé.
"La liberté d'expression, la liberté (...) d'association, dont celle de créer un parti politique, peuvent être considérées comme le fondement d'une société démocratique", explique le magistrat dans son jugement. "Ces libertés donnent aux citoyens l'occasion, par exemple, d'utiliser un parti politique pour demander un changement de la Constitution, de la loi ou de politique". Le juge a également noté que le PNVD n'avait commis aucun délit.
Le trésorier du parti, Ad van den Berg, qui n'était pas au tribunal au moment du verdict, n'a pas été surpris par la décision. "Nous ne faisons rien d'illégal. Il n'y a donc aucune raison de nous interdire", a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique.
"Les victimes sont choquées par le souhait de ces pédophiles d'exposer leurs désirs en public, soulignait de son côté Anke de Wijn, avocate des adversaires du PNVD. "Il y a peu de limites à la liberté d'expression, et c'est heureux, mais ce groupe abuse de ce droit pour provoquer."
Le parti pédophile a suscité un tollé lorsqu'il a annoncé sa création fin mai, mais la justice néerlandaise a refusé de lancer des poursuites contre ses membres pour menace à l'ordre public. Il n'a toutefois quasiment aucune chance d'être représenté au Parlement à l'issue des législatives de novembre. Les sondages le créditent de moins de 1.000 voix, alors qu'il lui en faudrait au moins 60.000 pour obtenir un siège.
En outre, le PNVD, qui comprend un président, un secrétaire et un trésorier comme l'exige la loi néerlandaise, devra soumettre une liste de candidats et les signatures d'au moins 30 sympathisants pour participer au scrutin du 22 novembre dans au moins l'une des 19 circonscriptions électorales du pays.
Or, selon Ireen van Engelen, de la Fondation Soelass, qui étudie la pédophilie, le PNVD ne parviendra sans doute pas à trouver des candidats, qui voudront préserver leur anonymat. "Ils ne voudront jamais lier leur nom au parti, et sans les signatures, ils ne peuvent se présenter aux élections."
Le trésorier, Ad van den Berg, 62 ans, a été reconnu coupable d'agression sur un garçon de 11 ans en 1987, écopant d'une amende et d'une peine de prison avec sursis. Après que ses antécédents judiciaires eurent été rendus publics le mois dernier, il a été chassé de son lieu de résidence, un parc de caravanes à Oostvoorne.
Le secrétaire du parti, Norbert de Jonge, 28 ans, a de son côté été expulsé de l'université de Nimègue, où il étudiait l'éducation des enfants, lorsque son implication dans le PNVD a été révélée