syndrome de stendhal

Marina Carrère d'Encausse : Le syndrome Stendhal




On parle aujourd'hui des dangers du voyage ou plus exactement des risques que l'on prend en regardant de belles oeuvres et c'est très sérieux ! C'est en effet très sérieux puisque l'on risque d'être frappé du syndrome de Stendhal.
En pratique vous admirez un Boticelli et vous vous mettez à suffoquer, vous avez des vertiges, votre coeur bat la chamade. Parfois même vous souffrez d'hallucinations. Heureusement assez vite vous retrouvez vos esprits, pour peu que vous ayez quitté le musée. C'est ce que Stendhal ne fit pas. Dans ses carnets de voyage datés de 1817, on peut suivre sa visite de l'église de Santa Croce à Florence : « J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber ». Sorti de l'église, il s'assit sur un banc et pour se remettre de ses émotions, lut un poeme. Et à la lecture de cette somme de culture ambiante, ses visions empirèrent. C'est cette histoire qui a permis à un psychiatre italien de comprendre de quoi souffraient certains de ses patients. Grazielle Magherini exerçait en 1990 à l'hôpital central de Florence. Etonnée d'y recevoir des centaines de touristes « choqués » après leurs visites des musées, elle s'est interrogée sur l'origine de ces troubles. Et a fait le lien avec le récit de Stendhal. Ce syndrome n'est pas une maladie, au sens vrai du terme, c'est en fait un état d'extase accompagné d'une forte charge émotionnelle au contact d'une oeuvre d'art. Elle touche les personnes très sensibles, dont les sens sont particulièrement développés et ouverts. Curieusement les touristes en provenance d'Amérique du Nord et d'Asie semblent épargnés, peut-être est-ce dû à une différence de culture ? De la même façon, les italiens n'en souffrent pas non plus, c'est logique, ils baignent dans cette atmosphère depuis leur enfance. Le facteur déclenchant le plus courant et le plus connu reste la contemplation des tableaux des maîtres de la renaissance exposés à Florence mais aussi à Rome. Il n'y a pas de prise en charge particulière. On recommande simplement le repos et le retour au domicile. On rapproche souvent de ce syndrome d'autres manifestations qui, toutes, surviennent lors de voyages dans des villes d'art. Ainsi, le syndrome de Jérusalem, qui se manifeste par une bouffée délirante, touche certains touristes frappés par le sens religieux de leur pèlerinage. Citons encore le syndrome de Notre Dame : les visiteurs surtout japonais se trouvent lors de la visite investis d'une mission divine. Mais dans ces cas, il y a souvent de vrais troubles psychologiques. Ce n'est pas le cas des victimes du syndrome de Stendhal qui ne sont dangereuses que pour les toiles, que parfois, submergées par tant d'émotion, elles cherchent à détruire. Heureusement les gardiens de musée sont au courant de cette particularité et surveillent les collections.

Eh bien je croyais que ce syndrome était une exagération typique du 19ème siècle (genre "Mâdâme a ses vapeurs")... jusqu'à ce que je voie la "pietà" de Michel-Ange en vrai.

J'en avais vu des centaines de reproductions, dont une photo dans le bureau de mon pôpa depuis que j'ai l'âge de me souvenir de quelque chose. Arrivée à St Pierre, impression de me promener dans des gravures tellement tout m'était "familier". Je fais ma touriste de base et suis le texte de mon guide. Devant la pietà - déjà enfermée dans sa cage de verre et très loin du public (très haute, aussi, mais il est vrai que je ne suis pas très grande non plus ) -, j'ai été quasiment tétanisée. J'avais du mal à respirer, du mal à avaler, une boule dans la gorge et les larmes aux yeux. Promis, je n'avais ni bu, ni fumé, je n'étais ni dépressive ni euphorique avant.

C'est pour ça que j'suis tombée dans les pommes une fois au Louvre !

Non, ça, c'est la fois où t'avais trop bu.

Ah aussi oui !

Le syndrome de Stendhal, je confirme. Moi ca m'est arrivé en visitant le Musée de l'Érotisme, boulevard de Clichy à Paris. J'ai ressenti (à peu près) les symptomes décrits ci-dessus, plus quelques autres. Et l'amie qui m'accompagnait, pareil...

esaki a écrit:

Le syndrome de Stendhal, je confirme. Moi ca m'est arrivé en visitant le Musée de l'Érotisme, boulevard de Clichy à Paris. J'ai ressenti (à peu près) les symptomes décrits ci-dessus, plus quelques autres. Et l'amie qui m'accompagnait, pareil...

J'hésitais à aller passer quelques jours à Paris, vu que je ne savais plus trop quoi visiter en dehors de ce que j'ai déjà vu. Alors là je dois dire que c'est une idée étonnante que tu viens de me fournir esaki!! Mais si j'ai bien compris, si je me décide a y aller vaudra que je fasse attention et que j'amène ma trousse de survie!! Je n'ai pas envie de tomber dans les pommes non plus...
C'est drôle dans le routard, ils disent que c'est :" ouvert tous les jours de 10h à 2h du matin." Exceptionnel pour un musée!

Celvie a écrit:

J'hésitais à aller passer quelques jours à Paris, vu que je ne savais plus trop quoi visiter en dehors de ce que j'ai déjà vu. Alors là je dois dire que c'est une idée étonnante que tu viens de me fournir esaki!! Mais si j'ai bien compris, si je me décide a y aller vaudra que je fasse attention et que j'amène ma trousse de survie!! Je n'ai pas envie de tomber dans les pommes non plus...
C'est drôle dans le routard, ils disent que c'est :" ouvert tous les jours de 10h à 2h du matin." Exceptionnel pour un musée!

En effet, il était ouvert très tard il y a quelques années quand je l'ai visité avec 2 amies, nous y avons terminé la soirée. Horaires exceptionnels en effet, mais ce n'est pas un musée banal . Les femmes sont beaucoup moi coincées que nous les mecs, les commentaires vont bon train... Ne pas manquer d'observer les autres visiteurs, ca peut être assez distrayant. Et puis il y a une boutique d'accessoires à la sortie, rire. N'amène pas de trousse de survie, fais-toi simplement accompagner, ca peut être utile, qui sait ?

esaki a écrit:

N'amène pas de trousse de survie, fais-toi simplement accompagner, ca peut être utile, qui sait ?

Oui sans doute. Mais les musées, mon conjoint il n'aime pas trop et en général c'est un plaisir que je me fait en solitaire!! Ca évite d'avoir un derrière toi qui te gâche ton enthousiasme

Mais qui sait, vu le sujet abordée, il fera peut-être un effort