avec quelques dedicace pour altos
jeudi 6 octobre 2005, 14h54 -- PARIS (AFP) - "Je sais l'amour qui meurt dans des souffrances horribles", chante Cali dans son deuxième album, "Menteur", oeuvre tourmentée, à fleur de peau et musicalement ambitieuse qui, comme son premier disque "L'amour parfait", pose à nouveau la question: "C'est quand le bonheur?"
Ruptures et amours trahies traversent cet album sorti lundi, deux ans après "L'amour parfait", véritable carton critique et public (400.000 exemplaires vendus).
Ainsi, dans "Je te souhaite à mon pire ennemi", chanson violemment désespérée, il conclut sur cette phrase qui claque comme une gifle: "Je suis le veuf d'une traînée qui n'est pas encore morte".
"J'ai voulu traduire le désespoir qui vous met au bord du gouffre, près de la mort, parce que l'amour vous a laissé comme une merde par terre: on peut dire des mots pareils et avoir des pensées terrifiantes. Ca m'est arrivé", explique Cali à l'AFP.
"Menteur" (Labels/EMI) devait d'ailleurs s'appeler "L'amour terroriste", titre auquel Cali a renoncé après les attentats de Londres.
Sur scène comme sur disque, le Catalan (il est né à Perpignan) marche à l'émotion, aux sentiments brûlants qu'il ne craint pas de jeter au visage du public.
"Je peux passer par des phases d'euphorie ou de mal-être, des très hauts ou des très bas. C'est difficile à vivre, surtout pour mes proches, mais je ne peux pas faire autrement", sourit cet auteur-compositeur de 37 ans, qui traduit ses émotions à travers une façon particulière de chanter: "Je mets la voix très en avant, ce qui peut parfois irriter mais fait partie de mon truc. Je veux qu'on entende chaque mot, chaque inspiration, chaque virgule".
Dans "Menteur", l'amour peut être beau: la chanson "Roberta" raconte la relation de tendresse puis d'amour qui lie un jeune homme et une vieille femme de 82 ans.
Les textes de Cali sont toujours crus, directs et tranchants. Musicalement, Bruno Caliciuri (son vrai nom) semble avoir franchi une étape: "Menteur" est un album ambitieux, à l'image de sa chanson-titre, somptueuse élégie magnifiée par les cordes de l'orchestre du conservatoire de Perpignan.
"Cette chanson peut être très belle dénudée mais j'avais envie de lui mettre une robe de princesse", glisse Cali.
"Menteur" est aussi une affaire de rencontres, faites lors des "deux années de folie" que Cali a passées en tournée. Rencontre avec Matthieu Chedid, alias M, qui joue de la guitare sur l'album, avec l'ex-Taxi Girl Daniel Darc pour le duo "Pauvre garçon" ("Ca ne pouvait être que lui ou Patti Smith", assure Cali), avec le bassiste de Luke, Damien Lefèvre, ou l'Irlandais Steve Wickham, violoniste du groupe The Waterboys.
Résultat, un album extrêmement varié mais toujours cohérent, comme son auteur.
"Je suis très bordélique et pendant la réalisation, je me suis dit: +Là, c'est un gros bordel+, car on passe d'un morceau rock à un autre très classique, puis à de la chanson, se souvient Cali. Mais quelque part, c'est moi, je n'ai pas triché".
Cet éclectisme vient aussi de son parcours musical: "J'écoute Beethoven, Tom Waits, Nick Cave, Ferré, Brel, Dominique A, Miossec, Radiohead, dEUS, Yo La Tengo, Waterboys, U2... Et j'ai fait beaucoup de balloches (bals, ndlr): tu démarres la soirée en faisant du Fréhel ou du Mouloudji et tu termines par les Sex Pistols et les Ramones! J'ai pris des gouttes de toutes mes influences et j'en habille mes chansons".
Cali présentera ses chansons au public lors d'une tournée qu'il entamera en novembre, avec trois soirées à L'Olympia à Paris, les 21, 22 et 23 (dates:
www.cali-menteur.com).